Le bouyon est un style musical qui fait couler beaucoup d’encre en ce moment, grâce notamment au titre « Kongolese sous BBL » de Theodora. Comme souvent c’est la polémique qui fait parler. Cette fois, la chanteuse d’origine congolaise Theodora est accusée de s’approprier un style musical d’une culture qui n’est pas la sienne, le bouyon, et de jouir d’une exposition que les artistes bouyon n’ont pas encore eu la chance d’obtenir.
Pour comprendre la polémique, penchons-nous sur ce qu’est le bouyon.
Qu’est-ce que le Bouyon ?
Je vais y répondre très simplement : c’est un style musical originaire de Dominique, une île située entre La Guadeloupe et La Martinique. Et svp confondez pas avec la République Dominicaine, c’est pas loin c’est vrai, mais c’est pas le même spot. Donc le bouyon commence sur cette île caribéenne, et s’exporte ensuite en Guadeloupe puis dans le reste du monde.
On y retrouve des influences multiples : dancehall, ragga, zouk, socca… c’est un vrai melting pot, et c’est pour ça que le genre prend le nom de bouyon. Où tout se mélange en somme.
Musicalement, l’élément que je trouve le plus significatif, c’est le beat. 160 bpm parfois plus, c’est rapide, très rapide. Et il est très présent. Vient s’y adosser, les mélodies lancinantes, sensuelles, chantées par les artistes.
Côté paroles, les thèmes abordés sont vastes comme la sexualité, les problèmes de la vie, les relations de couple. Le tout en créole, en français ou en anglais.
Voilà vous avez les bases de ce qu’est le bouyon…
Quelques artistes bouyon
… maintenant écoutons-en un peu.
Je commence par HollyG car c’est un des groupes qui cumulent le plus de vues dans le délire. « Bandit » ci-dessous culmine à plus de 10 millions de vues sur YouTube. Le carton plein. J’y reviendrai plus tard.
Yu Meï ensuite, car je l’ai découverte dans le très bon documentaire produit par Tracks, d’Arte. Ça fait deux reco en une.
Et enfin 1T1, un des producteurs les plus importants du mouvement en ce moment. Le titre juste en dessous est vraiment un banger de fou, c’est imparable. Écoutez, puis creusez les artistes qu’on peut entendre sur l’instru : Dinho, Lejuh, Theomaa, Binksdrick…
Theodora s’approprie ?
Je l’ai pas précisé en début d’article mais le bouyon ça existe depuis 1980. Le genre est très ancré dans les caraïbes mais il se diffuse dans le monde entier, jusqu’ici en France métropolitaine. Alors pourquoi il ne passe pas en radio ? Pourquoi j’ai trouvé aucun, voir zéro article de grand média sur le sujet ?
Et pourquoi faut-il attendre Theodora, qui je le rappelle est congolaise, pour qu’une radio comme Skyrock rentre du bouyon dans sa playlist. Si certains évoquent simplement le succès du son, d’autres rappellent qu’on a par exemple HollyG qui cartonne autant voir même plus (j’avais dit que j’y reviendrai).
Ce qui est sûr c’est que le problème vient du système et non de Theodora qui n’a jamais prétendu avoir inventé quoi que ce soit, et qui rend hommage à un genre qu’elle aime. Quel mal à ça franchement ?
Mais l’histoire a tout de même le mérite de mettre en lumière un problème : pourquoi le bouyon est il si peu reconnu en France métropolitaine, et pourquoi les médias ferment-ils autant les yeux sur ces artistes souvent français (quand ils viennent des Antilles françaises par exemple) ?
De là à dire qu’un racisme latent fait oublier à certains que les Antilles sont en partie française… il n’y a qu’un pas.