Le shatta c’est quoi ?

À l’heure où j’écris ces lignes, ça fait presque deux semaines que « J’ai menti. » de Damso est sorti. Sur le projet, on retrouve « Alpha », un featuring avec Kalash. Un titre aux sonorités shatta franchement génial, qui se démarque très largement du reste. Le public ne s’y trompe pas et stream le son avec assiduité.

Mais au final c’est quoi le shatta ? On n’en entend parler que depuis peu de temps et pourtant il se diffuse vite, et partout. Ensemble, plongeons-nous dans ce genre musical aussi jeune que fascinant.

Les origines du mot « shatta »

Avant de parler de la musique on peut parler du sens du mot. Il vient d’un mot d’argot jamaïcain, shotta, qui veut dire gangster. Petit à petit les Antilles se l’approprient. Désormais il se conjugue : se shattatiser, la shattatisation. Jusqu’à prendre toute forme possible et devenir un adverbe synonyme de « bien ».

C’est trop shatta = c’est trop bien, mais pas que. Il est positif mais avec une connotation bien street. On se dévergonde quand on se shattatise.

Et s’il se diffuse aussi facilement, c’est bien sûr grâce à la langue créole. Guyane, la Réunion et même à Maurice… c’est une traînée de poudre, le terme est repris partout. Et quand je dis plus haut que c’est rapide, je mens pas : le mot existe seulement depuis quelques années, 2012. Contrairement au bouyon, qui lui remonte déjà aux années 80.

Quelques exemples à écouter d’urgence

Pour décrire le style, j’ai envie de parler de dancehall électronique. Le beat est relativement lent, entre 90 et 120 bpm, mais tape fort. Les basses qui viennent se superposer sont très graves, profondes et vibrantes. Enfin, on rajoute des synthés bien tranchants là, et ça fait du shatta.

Mais le mieux pour comprendre c’est d’écouter ces trois titres :

Le fameux « TIC » de Maureen, qui a eu la chance de bénéficier d’une très grosse caisse de résonance avec TikTok. Ce son et le reste de ce qu’a fait la chanteuse, l’a mené jusque en France métropolitaine, sur le plateau des Flammes ou la scène de Yardland. Le succès est sans précédent et va ouvrir des portes à bien d’autres artistes.

Bamby elle aussi est une figure du genre. J’aurais pu choisir un autre titre que « Chupa Chups », mais c’est purement personnel : j’adore le son. Bamby c’est une chanteuse guyanaise qui s’est mise à la musique sous l’impulsion de Jahyanai, ami et auteur-compositeur-interprète-producteur de renom.

Et enfin, impossible de ne pas parler de Kalash une seconde fois dans cet article. Son feat avec Maureen a contribué à faire rayonner le genre musical partout dans le monde, c’est le premier son shatta certifié platine.