Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, on revient sur les albums de rap légendaires qui ont forgé son histoire. Aujourd’hui : Take Care de Drake.
Champagne Papi, 6 God, Drizzy, The Boy ou encore, Certified Lover Boy, Drake s’est vu attribuer de nombreux surnoms au fil de sa carrière. Autant de blase qui témoignent de sa place de privilégié au sein du rap game US. Une situation d’autant plus exceptionnelle que le rappeur n’est même pas originaire des Etats-Unis. Mais qu’importe ses origines, le rappeur de Toronto a su user de son génie créatif pour percer la coquille égocentrique des States jusqu’à même devenir l’une si ce n’est pas la plus grande star du paysage rap contemporain.
Mais avant d’arriver à un tel niveau de notoriété a dû batailler ferme pour s’imposer. Pour rappel, on ne parle pas d’un gars qui s’est fait un nom dans la rue ou dans un quelconque business lié au rap, mais d’un gamin issu d’une famille aisé qui a commencé sa carrière en tant qu’acteur de série B dans le sitcom Degraci sortie en 2001. Pour autant, l’artiste cultive ses talents de MC en parallèle des plateaux de tournage car ce n’est pas sur le petit écran que l’artiste se voit briller, mais bien dans la musique et dans le rap.
Naissance d’une légende
Après un premier succès d’estime obtenu pour ses trois premières mixtapes Room for Improvement (2006) et Comeback Season (2007) et Heartbreak Drake (2008), il obtient un deal avec la plus grande écurie rapologique de l’époque, le label Cash Money Records porté par Lil Wayne et Birdman. Le Canadien leur a tapé dans l’oeil après le carton de son morceau « Replacement Girl » avec Trey Songz.
Par la suite, la popularité de Drake va monter en flèche : deux succès commerciaux avec les singles « Best I EverHad » et « Every Girl », une exposition énorme sur la compilation de son label We Are Young Money, le mec s’offre des collaborations de prestige sur son premier album Thank Me Later :Lil Wayne Jay-Z, SwizzBeatz, Alicia Keys, T.I., NickiMinaj, Kanye West ou encore YougJeezy. Ajoutez à ça d’autres featurings de prestige avec Eminem, TreySongz, Robin Thicke, Little Brother, Mary J. Blige, Jamie Foxx sortis quelques mois auparavant. C’est donc sans surprise que son premier projet se hissera à la place de numéro 1 du Billboard en s’écoulant à 447 000 exemplaires en première semaine. À ce moment-là, Drake est déjà quelqu’un et devient l’un des premiers rappeurs étrangers à percer aux US. Tout ça, c’est déjà énorme, mais c’est bien avec son second album, TakeCare, que Drake va connaître une explosion stratosphérique.
Take Care, la consécration
A ce stade de sa carrière, Drake a déjà monté son label OVO et est déjà une véritable star. Quand bien même tout roule pour lui, il sait aussi que son deuxième album sera décisif pour la suite de sa carrière. Pour sûr qu’après un tel démarrage en trombe, la pression était énorme tant il n’avait pas le droit de se louper. Devait-il reprendre la même recette qui a fait son succès ou proposer totalement autre chose ?
Alors qu’il commence à bosser sur son projet avec un certain The Weeknd, encore méconnu à l’époque, il choisit de prendre une direction nouvelle. Bien que cet album conserve son ADN hip-hop avec un noyau de morceaux rappés, il se démarque surtout par ses tempos plus lents et ses titres davantage axés sur le chant et les émotions brutes. Pour habiller cette touche mélodieuse plus pop R&B, l’artiste a pu compter sur les talents du producteur, ingé son et arrangeur musical Noah « 40 » Shebib. Ses vibes atmosphériques, son groove, et sa patte au synthétiseur, en plus de caractériser de la scène hip-hop de Toronto et va très vite devenir la marque de fabrique de la musique de Drake.
La formule de ce Take Care est nouvelle, audacieuse, et va d’abord déboussoler les fans du rappeur de la première heure, eux qui s’attendaient plutôt à le voir poursuivre dans la voie qui a dessiné son succès. Très vite cependant, la sensibilité assumée du rappeur va toucher les coeurs du public et ce nouvel opus sera instantanément transformé en masterpiece pour bon nombre d’entre eux.
Il faut dire qu’à la fin des années 2000, début des années 2010, la tendance du rap s’éloigne progressivement d’une expression de la virilité à outrance pour se diriger de plus en plus vers la mélancolie et l’introspection. Et si l’hypersensibilité d’artistes comme Kanye West et Kid Cudi a participé à rendre acceptable le fait d’exprimer ses émotions et ses sentiments dans le rap, Drake en a fait sa spécialité et a définitivement démocratisé le phénomène. Grâce à lui, du jour au lendemain, il n’était plus « honteux » de parler de soi avec sincérité et tout le monde pouvait désormais exprimer ses émotions sans crainte d’être jugé.
Résultat de tout ça, à sa sortie le 15 novembre 2011, Take Care fait donc un carton. Fort de ses singles « Headlines », « Make Me Proud », « Marvins Room » ou encore le morceau éponyme du projet en duo avec Rihanna, Drake s’ouvre de nouveau les portes d’un succès insolant. Pour preuve, l’opus explosera m^rmr les scores de lancement de son premier album avec pas moins de 659 000 copies écoulées en première semaine. Un peu plus de deux mois plus tard, le , l’album sera certifié disque de platine aux US et atteindra la barre des 4 000 000 copies vendues en août 2015. Cette même année, le magazine Complex pèse ses mots et attribue déjà à l’album le titre de « meilleur album de Drake ». Ce qui est encore le cas pour beaucoup de fans du rappeur chanteur aujourd’hui.
Après une tournée internationale baptisée Club Paradise Tour et couronnée de succès en