2001 de Dr. Dre, le meilleur album rap de tous les temps ?

2001 de Dr. Dre, le meilleur album de rap de tous les temps

Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, on revient sur les albums de rap légendaires qui ont forgé son histoire. Aujourd’hui : 2001 de Dr. Dre.

Pour beaucoup d’entre nous, il est celui qui au lieu de nous soigner, nous a rendu complètement malades… De hip-hop. Son nom ? Dr. Dre. Contrairement à ce que laisse entendre son nom, le Doc n’a pas révolutionné la médecine, mais peut tout de même se vanter d’avoir mis Los Angeles sur la carte du rap américain au début des années 90. Celui qui a commencé à se faire un nom au sein du groupe World Class Wreckin’ Cru a carrément forgé l’identité du rap West Coast. Dans un premier temps avec son groupe N.W.A, puis ensuite aux côtés de Snoop Dogg avec son premier album The Chronic ainsi que celui de son poulain Doggystyle.

Sept ans plus tard, la guerre entre east coast et west coast s’amenuise et Andre Young de son vrai nom prépare son retour à l’aube du nouveau millénaire. C’est ainsi que le 16 novembre 1999, il dévoile son deuxième album, 2001, comme pour dire que sa vision artistique était déjà dans le futur. Et clairement, il a prouvé que c’était le cas. Après une deuxième place au top album et 516 000 exemplaires écoulés en première semaine, l’opus a finalement été certifié six fois disque de platine un peu plus d’un an à peine après sa sortie, le 21 novembre 2000.

De nos jours, l’album également titré Chronic 2001 est unanimement reconnu comme l’un des albums les plus importants et influents de toute l’histoire du hip-hop, voire même pour certains le plus grand album de rap de tous les temps. Cette distinction est élogieuse, mais légitime et résolument plus à prouver. Histoire de s’offrir une petite piqûre de rappel, sous ordonnance du docteur et à l’occasion des 50 ans de la culture hip-hop, voici pourquoi.

2001 : le premier blockbuster du rap

Les premières notes de l’intro « Lolo » ne trompent pas. Au travers un sample de la « Deep Note » de James A. Moorer, Dr. Dre envoie un message clair et net à son auditoire : son album sera un véritable blockbuster digne des plus grands films de gangsters du cinéma américain. Composé de 23 titres, l’opus rassemble un casting cinq étoiles. C’est bien simple : tous les cadors et les nouveaux talents de la West Coast ont répondu présents. Avec nuls autres que Big Tray Deee, Charis Henry, Defari, Devin The Dude, Eddie Griffin, Eminem, Hittman, Jake Steed, King T, Knoc-Turn’al, Kokane, Kurupt, Mary J. Blige, MC Ren, Mel-Man, Ms. Roq, Nate Dogg, Rell, Six2, Snoop Dogg, Time Bomb, Traci Nelson & Xzibit, on est clairement en présence des Avengers de la côte ouest, tous rangés derrière le Nick Fury du rap US aka Dr. Dre. Si tous ces artistes habillent parfaitement les prods de leur boss, il y en a clairement un qui se démarque plus que les autres…

Cet album a révélé Eminem

L’Histoire est connue : en janvier 1999, Dr. Dre présente au monde son nouveau poulain : Eminem, ou plus précisément, son sulfureux alter ego, Slim Shady. Avec le succès de « My Name Is », c’était le début d’une des plus belles bromances du rap US. Pour consolider encore un peu plus leur collaboration, Dre, lui a offert une place de choix sur son deuxième album. Ainsi, le rappeur de Détroit brille sur deux des plus gros titres de l’opus : « What’s The Difference » et « Forgot About Dre », en plus d’être crédité en tant que ghostwriter sur les morceaux « The Watcher » et « Bang Bang ».

En plus de sa participation directe à la partition musicale de 2001, Eminem peut aussi se vanter d’avoir ravivé la flamme créative de son mentor, comme celui-ci l’avait confié dans une interview aux Inrocks : « Cette période de ma vie, musicalement parlant, était complètement détraquée. Je n’étais pas dans le coup et j’essayais de trouver ma voie. C’est quelque chose qui arrive chez les artistes. Ce fut l’un de mes plus grands moments de doute, alors qu’en façade on faisait tous comme si tout allait. Tout ne va pas toujours comme on le voudrait, mais j’essayais de trouver une nouvelle direction et heureusement, Eminem est arrivé à point nommé. ». La suite est devenue légende : Dr. Dre s’est imposé comme l’un des plus grands producteurs du rap américain et Eminem est devenu une véritable superstar.

Il a placé Dre au rang des plus grands producteurs de tous les temps

Dr. Dre l’a toujours dit : s’il sait rapper et qu’il prend plaisir à kicker au micro, il est avant tout un producteur. Un superproducteur de génie d’ailleurs. Pour preuve, c’est évidemment à lui et à son acolyte Mel-Man que nous devons la quasi-totalité des prods de l’album. (excepté « The Message », produit par Lord Finesse, et Still D.R.E., co-produit par Scott Storch). Des instrus minimalistes, mais percutantes à souhait qui encore aujourd’hui demeure parmi les plus gros bangers de toutes l’histoire du rap. Que voulez-vous, Dr. Dre est un magicien du son, un orfèvre méticuleux et perfectionniste qui arrive à nous faire bouger la tête simplement avec un sample et une boucle. « The Next Episode », « Still Dre », « The Watcher », Xplosive » « What’s The Difference », autant de titres à rajouter dans son catalogue de classiques.

L’album parfait pour la voiture

Quel fan de rap n’a jamais vibré devant le clip de « Still Dre » ? Pour illustrer leur ode au gangsta rap, Dre et Snoop Dogg nous emmènent dans les décors chauds et urbains de la Californie, au volant de leur low-riders. Et oui, le son est tellement entraînant que même les caisses déhanchent leur système de suspension pour bouger les roues en rythme avec la musique. Une direction artistique pas anodine puisque Dr. Dre lui-même a avoué au New-York Times peu après la sortie de l’album que ses sons annonciateurs du 21 siècle étaient faits avant tout, non pas pour être écoutés dans les clubs ou en radio, mais dans la vago : « Je ne fais pas des morceaux pour les clubs ou la radio. Je fais du son pour que les gens roulent avec dans leur caisse. Je suis sûr que c’est là que la plupart des gens écoutent ma musique : dans leur voiture. ». Que vous ayez découvert ce disque à sa sortie, plus tard et même en 2023, vous savez ce qu’il vous reste à faire.

La tournée Up in Smoke Tour

Enfin, comment ne pas évoquer l’album 2001 de Dr. Dre sans parler de la tournée légendaire qui l’a accompagné : le Up In Smoke Tour ? Cette tournée nord-américaine de 44 dates espacée entre le 15 juin et le 20 août 2000 a rassemblé la crème de la crème de la scène rap West Coast de l’époque. Dr. Dre, Eminem, Snoop Dogg et Ice Cube étaient les têtes d’affiche, mais d’autres grands noms comme Proof, Nate Dogg, Kurupt, D12, MC Ren, Westside Connection, Mel-Man, The Eastsidaz, Doggy’s Angels, Devin The Dude, Warren G, TQ, The D.O.C., Thruth Hurts et Xzibit. sont venus garnir le lineup.

Ceux qui ont eu le privilège d’y être en parlent encore aujourd’hui comme étant la série de concerts rap le plus légendaire de tous les temps. Puisqu’elle faisait l’apologie du gangstérisme, et en témoigne les images du DVD officiel, tout était permis là-bas : alcool, fumette et même sexe. Clairement, on ne pourrait plus organiser un tel rassemblement de débauches de nos jours. D’ailleurs, en 2020, Dre a confié qu’il avait essayé d’organiser une tournée similaire en Europe, « Beats & Rhythmes« , avec Eminem, Snoop Dogg et Kendrick Lamar, mais sans succès. Dommage pour nous, même si cet échec a finalement permis au Up In Smoke Tour original de rester unique et encore plus légendaire. Au même titre que l’album 2001 au final.