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50 ans du Hip Hop 🎂

Pourquoi l’album Ready To Die de Biggie est un classique

50 ans du hip-hop : Ready To die, le premier classique de Biggie

Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, on revient sur les albums de rap légendaires qui ont forgé son histoire. Aujourd’hui : Ready To Die de Biggie.

Le 13 septembre 1994, le monde a changé pour l’éternité. Et pour cause : un certain Christopher Wallace, aussi connu sous les noms de Biggie Smalls et Notorious B.I.G. a sorti son premier album, Ready to Die. Premier album produit par Puff Daddy et son label Bad Boy Records, ce disque est un chef d’œuvre incontournable du rap américain. Une masterpiece qui demeure encore aujourd’hui parmi les disques les plus influents de toute l’Histoire du Hip-hop.

En plus d’avoir façonné l’essence du rap new-yorkais des années 90 ainsi que celui de bon nombre de générations future, ce disque s’est aussi avéré tristement prémonitoire. En effet, quelques années après avoir annoncé qu’il était « prêt à mourir », le rappeur de Brooklyn fut froidement assassiné le 9 mars 1997. Alors que la guerre east coast / west coast faisait rage, Biggie, à l’instar de son rival Tupac, a été victime d’un drive by par arme à feu alors que sa voiture était arrêtée au feu rouge. Les meilleurs partent toujours les premiers comme on dit…

Notorious n’est peut-être plus de ce monde, mais ses titres eux sont restés immortels. A tel point qu’ils continuent encore aujourd’hui de tourner dans nos playlists. Par conséquent, impossible de couvrir les 50 ans du hip-hop sans évoquer l’héritage laissé par son premier album. L’aura de celui-ci est d’ailleurs si étincelante qu’on en arrive à se demander s’il ne mérite-t-il pas l’appellation de « classique » plus qu’aucun autre disque. Vous ne le croyez pas ? Laissez-nous au moins la possibilité d’argumenter. Oui, Ready To Die de Biggie est un classique car…

C’est un chef d’oeuvre rapologique

Selon vous quelles sont les qualités indispensables pour être un bon rappeur ? Avoir un bon flow, une certaine prestance, du charisme, savoir écrire, raconter des histoires captivantes, sortir des bonnes punchlines et être un rimeur aiguisé. Vous l’aurez compris, pendant que certains MC galère à cocher ne serait-ce que la moitié de ces cases, Biggie quant à lui propose finalement tout ça à la fois sur Ready to Die. La prouesse est d’autant plus remarquable qu’il s’agissait, on le rappelle, de son premier album. On peut dire ce qu’on veut sur les talents de producteur de Puff Daddy, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a eu du flair en dénichant avant tout le monde le natif de Brooklyn. N’oublions pas que c’est lui plus que quiconque qui l’a fait briller à son plein potentiel.

Car Biggie est bel et bien un prodige du rap. Encore plus quand on sait que son premier album a été écrit en deux temps. En effet, après le licenciement de Puffy du label Uptown Records en 1993, le projet n’était qu’à moitié terminé. Big Poppa a alors repris la production de Ready to Die l’année suivante sous la houlette du nouveau Bad Boy Records. La légende raconte même que cette seconde partie aurait été enregistrée en freestyle, de mémoire, sans même que le rappeur écrive ses textes sur une feuille de papier en amont. 

Attention cependant, contrairement à ce que l’on pourrait penser, cela ne veut pas dire qu’il improvisait totalement, simplement qu’il avait toutes ses idées en tête et n’avait plus besoin de cahier. Si aujourd’hui la pratique est devenue monnaie courante chez certains rappeurs, à l’époque, la technique était révolutionnaire, plaçant de ce fait Biggie parmi les MC les plus brut et talentueux de tous les temps.

Il oscille entre réalité et fiction

C’est bien connu, de nombreux rappeurs se plaisent à faire le parallèle entre leur vie et les personnages cultes du cinéma, plus particulièrement ceux des films de gangsters bien entendu. Là encore, c’est une tendance que le monde doit à The Notorious BIG. En bon game changer, il fut l’un des premiers MC à raconter sa vie, tout en enjolivant les contours de son quotidien de rappeur gangster. A ceux qui argueront qu’il n’est pas authentique, nous répondrons que c’est justement cette touche de fiction bien dosée qui fait tout le sel de cet album. Disons plutôt que d’offrir à ses auditeurs une simple autobiographie, il a préféré les faire rêver avec un vrai documentaire épique et bien construit Et puis de toute façon, grâce à son charisme naturel, sa carrure imposante et sa prestance, il n’en a pas fallu beaucoup plus pour rendre le film de sa vie plus crédible.

Il a inspiré toute une philosophie de vie

Si Tupac a porté avec lui la philosophie Thug LifeBiggie aussi a fait figure de « prêcheur » de la rue. Au cœur du propos de cet album, on retrouve deux axes majeurs de sa vision de la réussite : d’une part la motivation et d’autre part, toujours garder ses objectifs en ligne de mire et tout faire pour les réaliser. Bien entendu, si ceux de Biggie Smalls vont rarement plus loin que l’argent, les femmes, le pouvoir, l’opulence, la grosses voitutr et la célébrité, il parvient magnifiquement à adapter ses préceptes à n’importe quelle motivation. Comprenez par là que quels que soient vos objectifs dans la vie, Ready to Die de Biggie vous donnera le carburant et la motivation nécessaire pour les accomplir.

Bien loin de n’être qu’un simple player, Biggie nous a également appris l’une des leçons les plus importantes dans la vie, à savoir « Ne jamais oublier d’où l’on vient quel que soit son degré de réussite ». Dans cette logique, même s’il met un point d’honneur à cultiver son image de gangster imperturbable, il garde les pieds sur Terre et n’hésite pas non plus à montrer ses failles. Le meilleur exemple de cette démarche restera sans doute son morceau « Suicidal Thoughts » en clôture de l’album. Ici, son message est clair : Biggie a beau vivre sa vie rêvée, tout n’est pas aussi simple qu’il n’y paraît. Dans cette culture du gangstérisme à la dure, Wallace fut l’un des premiers rappeurs à exprimer une réelle détresse émotionnelle allant jusqu’aux pensées suicidaires. Comme quoi, la santé mentale n’est pas qu’un problème de notre temps.

Un succès à la fois critique et commercial

On l’a dit : Ready to Die est un chef d’œuvre rapologique sous toutes ses formes. Mais là où c’est fort, c’est qu’en plus de cocher toutes les cases d’un bon disque de rap, il a réussi la prouesse de toucher la sphère mainstream encore hostile au genre. En proposant des morceaux aussi énervés qu’accessibles, le rappeur est parvenu à toucher le grand public comme personne ne l’avait fait avant lui. Une fois encore, il peut dire merci à Diddy qui en tant que directeur artistique, a su leur insuffler les clefs pour viser le sommet des charts tout en conservant la patte technique et pointue qui faisait le force de son rap. Ajoutez à ça un usage fin de l’humour, de l’egotrip, des name drop bien placés ainsi que de multiples références pop culture, et vous comprendrez comment Christopher Wallace est parvenu à se mettre encore plus d’auditeurs dans la poche.

Résultat, Ready to Die a joui d’une puissance commerciale exceptionnelle. L’album s’est écoulé à 57,000 exemplaires jusqu’à atteindre six millions de copies aujourd’hui et rien qu’aux Etats-Unis. Niveau récompenses, le single « Big Poppa » a été nominé dans la catégorie « Meilleure performance rap en solo » lors de la 39e cérémonie annuelle des Grammy Awards en 1996. S’il a perdu face au classique « Hey Lover » de LL Cool J, il a tout de même remporté trois Billboard Music Award cette même année, dont la prestigieuse reconnaissance de l’artiste de l’année. De plus, il a également tout raflé aux fameux Source Awards, dont les trophées du « Meilleur nouvel artiste », « Meilleur performer de l’année », « lyricist de l’année » et bien sûr, la récompense suprême de « l’album de l’année« 

Avant tout ça, le premier album de Biggie a été certifié disque d’or aux US à peine deux mois après sa sortie, et est devenu double platine un peu plus d’un an plus tard, le 16 octobre 1995. Preuve de sa qualité, le numéro d’octobre 1994 du magazine La Source lui avait même donné la magnifique note de 4,5 micros sur cinq. Presque trois décénnies plus tard, au vu de l’impact que celui-ci a eu sur la culture hip-hop, on se demande s‘il ne méritait pas carrément un 5/5. Quoi qu’il en soit, l’opus a brillé par sa longévité puisqu’il a obtenu une sextuple certification platine en avril 2018, près de 25 ans après sa sortie initiale.

Ready to Die a fait de Biggie le vrai « King of New-York« 

Dans la mesure où son second album, Life After Death est arrivé dans les bacs quelques jours après sa mort, on peut donc dire que seul Ready to Die aura suffi à couronner Biggie du titre prestigieux et ô combien convoité de « King of New-York« . C’était d’ailleurs tout à fait recherché puisque dans de nombreux morceaux de l’album, Big Poppa s’autoproclame lui-même « Black Frank White« . On vous avait bien dit que la vie de Biggie était un film !

Vous l’avez deviné, il fait ici récérence au héros du film d’Abel Ferrara, King of New York, sorti en 1990. Dans ce film, Frank White, incarné non pas par Christopher Wallace, mais bien par Christopher Walken va connaître une ascension fulgurante sur la voie du crime. Son secret ? Agir comme il l’entend et ne respecter aucune règle au grand dam de la police et de ses rivaux. Mais c’est bien connu, la réussite insolente créée des jalousies mortelles. Et c’est ainsi que le magnat finira sa vie seul dans un taxi, réduit au silence après une blessure par balle.

Preuve que Biggie doit être pour toujours et à jamais considéré comme le seul et unique « King of New-York » (et ce en dépit des nombreux autres artistes prétendant au titre encore aujourd’hui), il a finalement connu un parcours similaire à celui de Franck White, de son ascension à sa chute.  Tout comme lui, après avoir triomphé de l’intégralité de ses adversaires et s’être payé le luxe de remettre la east coast sur le devant de la scène rap, le « Black Franck White » a été tué par balle à bord de son ultime carrosse, un GMC Suburban. Une fin aussi épique que tragique pour un MC de son calibre.

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