Il faut qu’on parle de Dave, ce jeune génie anglais du rap

De « Sniper » avec Central Cee à « Meridian » aux côtés de Tiakola en passant par le duo « Special », le rappeur britannique Dave enchaîne les cartons et est tout simplement inarrêtable. Focus sur le phénomène.

Cet été, alors que tout le monde cherchait désespérément à se protéger de la canicule, un remède a finalement été trouvé. Son nom ? Dave. Un véritable raz-de-marée ultra-frais (ou plutôt rap-de-marée), tout droit venu de chez nos voisins d’outre-Manche. Si vous l’avez très certainement entendu sur le titre « Sniper » de son compatriote Central Cee, c’est plus récemment encore qu’il a cassé Internet avec ses deux autres collaborations. Et non des moindres puisqu’il s’est associé avec notre star locale, le prince de la mélo, j’ai nommé Tiakola. Rassurez-vous, s’il squatte le sommet des charts avec les singles « Meridian » et « Special », son succès ne vient pas de nulle part. Sachez que le jeune artiste est bien loin d’en être à son coup d’essai.

La genèse d’un prodige

Dave, ou David Omoregie de son vrai nom est ce qu’on appelle un prodige précoce de la musique. Né dans le quartier de Brixton, situé au sud de Londres et élevé à Streatham, un quartier localisé encore plus au sud, il tombe dans la musique dès l’âge de 14 ans après que sa mère lui ait offert un piano. C’est sur cette machine qu’il fera ses premières expérimentations, se frottant déjà à la composition et à l’écriture. Son père a beau être pasteur, ses deux frères aînés sont loin d’être des enfants de cœur. En effet, à peine âgé de dix-huit ans, le plus grand d’entre eux, Christopher Omoregie, se voit condamné à la prison à perpétuité en 2012 pour le meurtre d’un adolescent de 15 ans, Sofyen Belamouadden, survenu deux ans plus tôt. Une affaire qui avait fait grand bruit en Angleterre à l’époque. Pas de bol, son autre grand frère, Benjamin, s’est lui aussi retrouvé incarcéré pendant quatre ans pour complot en vue d’escroquer. Bien loin de vouloir marcher sur les traces de sa fratrie, Dave va stopper ses études de droit pour se consacrer à sa seule véritable source d’épanouissement personnelle, la musique.

Son aventure commence en mai 2015 alors qu’il n’a que seize ans. Après avoir sorti plusieurs morceaux allant de « Mid Summer Night » à « Thiago Silva » et participé à pas mal de sessions freestyles et festival, il dévoile un peu plus d’un an plus tard, le 30 novembre 2016, son premier EP intitulé Six Path. Signe que la réussite de ses premiers titres lui ont offert une véritable petite notoriété, ce projet court de six titres se classe à la 11eme place du top album UK.

Très vite, le public tombe sous le charme de ses rimes plaintives et crues couplées à la justesse de son le flow et à l’émotion de son storytelling. Son univers à la fois introspectif et socialement engagé va même jusqu’à séduire les plus grands puisque Drake, décidément toujours le premier à déceler des nouveaux talents, va lui donner de la force en remixant son titre « Wanna Know » et en le diffusant sur les ondes de sa radio OVO Sound. Bien sûr, il n’en faudra pas plus pour propulser Dave dans les étoiles.

La consécration

Par la suite, il poursuit son ascension en dévoilant successivement plusieurs projets : un autre EP baptisé Game Over et surtout son premier album, le très attendu Psychodrama en 2019. Et quel succès puisque non content d’arriver juste après son premier single classé numéro 1 des charts avec le single « Funky Friday » avec le rappeur londonien Fredo, celui-ci va lui offrir ses premières récompenses de grande envergure. En effet, l‘album sera non seulement le projet le mieux noté de l’année sur Metacritic, mais il obtiendra en plus le Mercury Prize ainsi que le prix de « l’Album britannique de l’année » aux BRIT Awards, l’équivalent des Victoires de la Musique outre-Manche. Il devance ainsi les mastodontes Heavy Is the Head de Stormzy et Fine Line de Harry Styles.

A partir de là, c’est la consécration pour Dave qui va enfoncer le clou avec son deuxième album, We’re All Alone In This Together. Preuve que sa carrière est entrée dans une nouvelle ère, il n’a que 23 ans et partage déjà le micro avec des vedettes internationales, à l’instar de Stormzy, Wizkid, Snoh Aalegra, James Blake ou encore Jorja Smith. Marqué par une puissance mélodique étonnante, l’album s’écoulera à 70 000 exemplaires en première semaine et sera certifié disque d’or trois semaines après son arrivée sur les plateformes.

Évidemment, Dave ne compte pas en rester là. Alors que son troisième album n’est même pas encore officiellement annoncé, il s’est offert le plus gros carton de sa carrière à l’aube de l’été 2023 grâce à son single « Sprinter » en duo avec Central Cee. Annoncé comme une bombe sur le papier, le morceau extrait de l’EP commun entre les deux artiste, Split Decision, va cartonner : 108 200 unités écoulées et 13,4 millions de streams. A l’échelle du Royaume-Uni, il s’agit tout simplement du meilleur démarrage d’un single rap dans l’histoire du pays.

Pour Dave, il s’agit de son troisième single en tête des charts après « Funky Friday » et « Starlight« . On pensait naïvement qu’il s’arrêterait après ce hold-up, mais c’est mal connaître la nouvelle étoile britannique. Sans crier gare, dans la foulée d’un nouveau single sur l’album de Burna Boy cette fois, il vient de signer son troisième braquage estival de l’industrie, aux côtés de Tiakola cette fois. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que personne n’était prêt à prendre une telle claque.

Dave X Tiakola : la bromance franco-anglaise qui régale

A gauche, le jeune prodige anglais Dave. A droite, Tiakola, aka le Prince de la mélo, l’homme au premier album double platine et aux multiples singles certifiés qui a également tout raflé lors de la première édition des Flammes. Ensemble, les deux artistes ne sont pas là pour rigoler. Déjà, ce n’est pas un, mais deux morceaux pour le prix d’un qu’ils nous ont offerts. D’abord le single clippé « Meridian » et un second dès le lendemain intitulé « Special ». Quand deux des stars les plus en vogue dans leur pays respectif décident de s’associer pour nous faire bouger la tête, forcément que la magie allait opérer.

Si « Special » n’en finit pas d’affoler les compteurs, c’est bien « Meridian » qui explose tous les records.  Alors que le clip du morceau squatte toujours à la première place des tendances musicales sur YouTube, ses chiffres de streaming donnent également le tournis. D’un côté ou de l’autre de la Manche et même dans le monde entier, le titre cumule à l’heure où nous écrivons ces lignes plus de neuf millions de streams. Une fois le raz-de-marée observé, une question se pose alors : comment expliquer un tel impact ?

Au-delà du casting XXL proposé, la réussite de ces deux singles vient tout simplement du soin minutieux qui leur a été accordé en studio. Autant sur « Meridian » que sur « Special », on sent une complémentarité évidente entre les deux artistes. Les mélodies et les toplines accrocheuses dont seul Tiako a le secret viennent répondre parfaitement aux flows noirs et ciselés du rappeur anglais. « Meridian » frappe d’autant plus l’oreille dans la mesure où le prodige de Streatham surprend l’auditeur d’entrée avec un refrain chanté tout à fait maîtrisé. Cerise sur le gâteau, le duo enchaîne les passe-passe et Tiakola chante parfois en anglais pendant que son homologue d’outre-Manche multiplie les références à la France. Efficacité, audace, complicité, implication et équilibre, tels sont donc les cinq piliers qui expliquent le succès de ces deux singles. Clairement, chacun d’eux mérite déjà une place dans notre sélection des meilleurs featurings de Tiakola.