Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, on revient sur les albums de rap légendaires qui ont forgé son histoire. Aujourd’hui : Nothing Was The Same de Drake.
Pari plus que réussi pour les débuts de la carrière musicale de Drake : en plus d’avoir cartonné avec son premier album Thank Me Later, il a relevé haut la main le délicat challenge de faire encore mieux avec son deuxième opus, Take Care. Non-content d’avoir connu un succès à la fois critique et commercial, l’album s’est en plus payé le luxe de changer profondément et durablement les codes du rap. Un « Game Changer » comme on l’appelle dans l’industrie. Fort d’une telle performance, le rappeur de Toronto ne s’est pas contenté d’être l’un des premiers MC canadiens à parvenir à s’exporter au Etats-Unis, il s’est carrément fait une place de roi sur le toit du monde.
C’est acté, en 2013, Drake est une superstar du rap, sans doute déjà l’artiste le plus populaire de son époque. En tant que tel, les moindres de ses faits et gestes sont désormais scrutés dans le monde entier et chacune de ses nouvelles sorties musicales est attendue comme le Messie. Fait majeur également pour le monde de la musique, l’industrie entre progressivement dans l’ère du streaming. C’est dans ce contexte que le 24 septembre 2013 débarque le troisième album de Drake, Nothing Was The Same.
Nothing Was The Same, le meilleur des deux facettes de Drake
Si le rappeur lui-même qualifie cet album comme étant « une œuvre d’art renouant à la fois avec le passé et le présent », ce n’est pas pour rien. Simplement parce qu’il synthétise le parfait mélange entre les sonorités rap de ses débuts et les vibes plus pop et chanté de son dernier projet. Le choix des singles promotionnels du disque illustre d’ailleurs parfaitement ce phénomène : entre l’éternel banger « Started From The Bottom » qui figure encore aujourd’hui dans la playlist de nombreux fans de rap, et le sentimental et dansant « Hold On, We’re Going Home » avec le duo canadien Majid Jordan, Drake a vite compris qu’il fallait donner à boire et à manger pour tout le monde.
Mais là où beaucoup se seraient cassés les dents à trouver le parfait équilibre, Drizzy démontre ici qu’il maîtrise parfaitement les deux ambiances. Qu’importe la discipline, : quand il rap, ça tape fort et quand il chante, c’est carrément cool. Et ça, peu d’artistes peuvent aujourd’hui se vanter de nager aussi bien entre ces deux tableaux.
Au niveau desfeaturings, même si sur le papier, on n’atteint pas le casting cinq étoiles d’un Thank Me Later, en pratique, c’est une réussite. Que ce soit Jay-Z sur « Pound Cake / Paris Morton Music 2″ (titre qui sample d’ailleurs le classique du Wu-Tang Clan, « C.R.E.A.M »)., la douce JheneAiko sur « From Time » ou encore le vocaliste Sampha sur le titre « TooMuch« , chacun est à sa place et on atteint forcément du très haut niveau sur chaque son. Cela même si la quintessence des connexions musicales sur cet album se retrouve sur le morceau « All Me » en collaboration avec 2 Chainz et Big Sean qui clôture l’édition deluxe du projet. Un refrain chanté et des couplets nerveux bien découpés, il n’en fallait pas plus pour faire de ce titre un classique à trois têtes.
Bien entendu, avec un tel niveau affiché, vous commencez à en avoir l’habitude maintenant. A sa sortie, l’album écrase tout sur son passage. Bien aidé par les nombreuses rotations des singles en radio partout dans le monde, Nothing Was the Same a débuté à la première place du Billboard 200 américain, avec des ventes établies à 658 000 exemplaires en first week, soit un tout petit peu moins que Take Care et ses 659 000 exemplaires vendus. Malgré tout, l’album signera le deuxième meilleur démarrage de l’année 2013, juste derrière les 792 000 unités de The Marshall Mathers LP 2, l’album d’Eminem.
Suite logique des choses, le troisième disque de Drake se voit nommé aux Grammy Awards dans la catégorie du Meilleur album rap de l’année en 2014. Bien que ce prix lui échappera au profit de The Heist, l’album commun signé Macklemore et Ryan Lewis, notons tout de même qu’il avait remporté l’année précédente avec Take Care. En guise de consolation, il remportera un Juno Awards ainsi qu’un BET Hip Hop Awards dans la même catégorie. Aujourd’hui, les ventes de ce disque sont estimées à un total de 4,595,000, faisant de lui le quatrième projet le plus vendu de sa carrière derrière Scorpion (6,433,983 exemplaires), Take Care (6,920,000 exemplaires) et Views (7,687,247 exemplaires).
Quand bien même Nothing Was The Same n’a finalement pas joui du même rayonnement que son prédécesseur au niveau de ses distinctions, il n’en demeure pas moins une pierre angulaire de la discographie magistrale du rappeur canadien. Non seulement, il grave encore un peu plus dans le marbre l’alchimie qui existe entre lui et son producteur Noah « 40 » Shebib, mais aussi et surtout, il cristallise encore aujourd’hui et de la plus belle des manières toutes les influences que le bougre a ingérées depuis ses débuts dans la musique. Pour sûr qu’après ça, plus rien dans le game ne sera jamais comme avant. D’abord parce que le streaming se chargera de complètement redéfinir les contours de l’industrie musicale, mais aussi et surtout parce que Drake fera tout ce qui était en son pouvoir pour asseoir son pouvoir sur le trône du rap game et devenir la plus grande superstar de son époque. Vous trouvez ça prétentieux ? Grand bien vous fasse puisque la suite de sa carrière lui a tout simplement donné raison.« Startedfromthebottom, nowwe’rehere« , comme il dit.