If you reading this… de Drake est bien de trop sous-côté

J’ai pas grimpé dans le train Drake à l’heure où tout le monde se prenait Take Care. Non. J’ai pas non plus embarqué quand il a sorti Nothing Was The Same il y a tout juste 10 piges. Non. Moi c’était avec If You reading this it’s too late. Ce projet, qui n’est même pas un album mais une mixtape, m’a complètement matrixé, plus que ses projets précédents. Mais c’est un fait. J’ai rien à dire de mal dessus et je pense très sérieusement qu’il est ultra sous-coté.

Vous en avez probablement r à faire de ma vie, mais je pense que la musique, c’est un genre de fenêtre sur des épisodes de vie. Si telle ou telle musique est à un moment précis la bande originale de ce que je vis, elle sera forcément associée à ces moments. En général je passe à autre chose et quand je réécoute les sons en question je retourne à cette époque. Ça s’appelle la nostalgie je sais, et je suis pas le seul à vivre ça mais je vous jure qu’avec If you reading this je replonge dans une période zinzin, alors c’est pas objectif, mais je l’adore pour ces raisons.

Parlons du projet quand-même

En deux albums, Drake avait posé deux classiques. Seulement le personnage qui entoure Drake à ce moment-là, c’est clairement le gars sympa. Il sort de la série Degrassy où il joue un boug en fauteuil roulant, et il se lance dans un délire bien langoureux bien mielleux. En vrai c’est doux, je suis d’accord. Mais cette vibe elle était pas pour moi à l’époque. Et on comprend avec IYRTITL que lui aussi ça lui allait pas. Ou en tout cas, c’était qu’une partie de lui mais lui pas en entier. Y’avait un Drake vénère qui sommeillait au fond, et il fallait le sortir.

Alors le projet commence par Legend. C’est ego trip à fond, encore sucré comme on le connait. Mais alors avec Energy on passe dans le salé. Rien que les premières lines : « J’ai des ennemis, beaucoup d’ennemis, j’ai des gens qui essayent de pomper mon énergie ». On connaissait pas ce Drake à ce moment-là. Et ce ton qu’il aborde pour la première fois, c’est un ton qui va devenir récurent chez le rappeur. C’est un tournant majeur pour lui.

Il vient prendre ce qui lui est dû

En fait Drake avant IYRTITL, c’est un gars au sommet qui se laisse pourtant marcher dessus. Le gars n’a pas la couronne qu’il mérite d’avoir à l’époque. Même s’il draine à mort de fans de derrière lui, des certifications et tout, il a pas gagné le respect de ses pairs. À l’époque y’a quand-même quelques rappeurs qui sont sur ses côtes. J’parle du beef avec P. Diddy, celui avec Tyga, puis celui avec Meek Mill qui l’accusait d’avoir un ou des ghostwriter sur sa track R.I.C.O qui avait fait beaucoup de bruit. Sauf que Drake soit il laissait couler soit il réagissait en privé.

Mais ça c’était l’ancien Drake. Même lui le dit sur le titre « 30 for 30 » qui se trouve sur l’incroyable projet collaboratif qu’il sort avec Future –  What a Time to Be Alive : « Used to give no reaction, now I’m overreacting » (je suis habitué à ne jamais réagir, maintenant je réagis de manière disproportionnée). C’est un avertissement aux prochains qui viendront après lui et la preuve qu’on a un avant et un après If You Reading This…

Drake est devenu Drake

Cette mixtape c’est un avertissement. « The Views » va plus tarder et Drake a décidé de prouver qu’il était multifacette. C’est vraiment un bon mouv parce qu’il aurait pu s’enfermer dans ce rôle (très lucratif) de mec sympa. Sauf que sans ça, il n’aurait pas pu prétendre à s’assoir sur le trône aux côtés de Kanye West et Jay Z. Je sais que c’est fort comme affirmation, mais dans la toute dernière track du projet, 6PM in New York, il se parle à lui-même en disant : Yeah, boy, you rappin’ like you seen it all/You rappin’ like the throne should be the three of y’all (Ouais mec, tu rappes comme si t’avais tout vu, tu rappes comme si vous deviez être trois sur le trône).

Avec cette line, il se réclame sans peur de la même trempes que ces deux monstres du rap game. Oser le faire de cette manière, sans être ridicule, mérite le respect et surtout peut vraiment laisser penser qu’il mérite cette fameuse place.