The Marshall Mathers LP, l’album classique d’Eminem

Pochette de l'album The Marshall Mathers LP d'Eminem

Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, on revient sur les albums de rap légendaires qui ont forgé son histoire. Aujourd’hui : The Marshall Mathers LP d’Eminem.

Eminem est une légende du hip-hop et du rap. A tel point qu’on peut sans trop se mouiller le citer parmi les MC les plus influents de sa génération et carrément de tous les temps. Son aura et son héritage sont si imposants qu’il est aujourd’hui difficile d’affirmer à l’unanimité quel est le meilleur album de sa carrière. Et puisqu’il fallait en choisir un dans le cadre des 50 ans du hip-hop, nous avons fait le choix de braquer les projecteurs sur son troisième album studio, The Marshall Mathers LP, le premier véritable classique de sa carrière.

Sorti le 22 mai 2000, ce projet de 18 pistes tient son titre du véritable nom civil du rappeur de Détroit et a marqué l’histoire avec des morceaux forts tels que « »Kill You », « Stan », « The Way I Am », « The Real Slim Shady » ou encore « Kim ». Véritable pierre angulaire de la discographie d’Eminem, cet album s’est aujourd’hui vendu à 32 millions d’exemplaires dans le monde. De plus, il est certifié 11 fois platines rien qu’aux Etats-Unis avec plus de 11 millions d’unités écoulées.

Et quand bien même ces chiffres suffisent largement à placer ce disque au Panthéon du rap, voici cinq raisons qui prouvent que The Marshall Mathers LP d’Eminem figure parmi les albums les plus marquants de l’Histoire du hip-hop.

« Stan », un chef d’oeuvre de storytelling

Non content de créer la surprise en s’associant avec la chanteuse pop rock britannique Dido, Eminem a signé avec « Stan » l’un des storytelling les plus poignants de tous les temps. On le rappelle, ce morceau c‘est l’histoire de Stanley Mitchell, dit « Stan », un fan d’Eminem complètement fou qui tente par tous les moyens de ressembler et vivre comme son idole. Désespéré que ce dernier ne réponde pas à ses lettres, celui-ci finit par se suicider en emportant avec lui sa femme enceinte. Ce récit tragique prend tout son sens à la fin, Eminem donne enfin suite à ses lettres après avoir découvert avec effroi la mort du jeune homme. Ce morceau a tellement marqué les esprits que le mot « Stan » figure aujourd’hui officiellement dans le dictionnaire, désignant ainsi les fans les plus hardcore d’une célébrité.

« Kim », la chanson la plus violente de sa carrière

Depuis le début de sa carrière, Eminem n’a jamais caché la relation tumultueuse qu’il entretenait avec son ex-femme Kimberley Scott. Leur histoire, d’amour façon « je t’aime / moi non plus » a même toujours été l’un des sujets forts du rap d’Eminem. Néanmoins, s’il exprime depuis longtemps sa haine envers la mère de sa fille Hailie dans ses chansons, celle-ci n’a jamais été aussi viscérale que dans ce morceau qu’il lui a dédié.

Dans ce titre, Eminem hurle sa rage comme jamais ce sentiment n’a été exprimé dans le rap. Il est si furieux et abasourdi que sa femme l’ait trompé que, possédé par le démon Slim Shady, il finit par la saigner et l’égorger. Clair, net et sans bavure. Pour sûr qu’avec un morceau d’une telle violence, la mention « Parental Advisory Explicit Content » affichée sur les boites de CD n’a jamais été aussi appropriée.

MMLP, ça pique fort !

Si en 1999, Eminem présentait au monde son alter ego démoniaque dans l’album The Slim Shady LP, sur son album suivant ses ambitions sont ailleurs : il veut montrer au public sa véritable personnalité, sans artifice. C’est notamment le cas dans des titres comme « Stan », « Marshall Mathers » et « The Way I Am », mais ne vous y trompez pas, cela veut pas dire pour autant que le vilain aux cheveux blonds peroxydés s’est assagi, loin de là.

En effet, The Marshall Mathers LP reste incontestablement l’un des albums les plus piquants du rappeurs de Détroit. Au travers son personnage de Slim Shady pique tout sur son passage avec une acidité déconcertante : sa mère et sa femme bien sûr, mais aussi les homosexuels et les pseudos-rappeurs qu’ils ne portent pas dans son coeur. Et tant qu’à faire, il prône également l’ultra-violence et la prise de drogue pour tous, le tout bien sûr sous couvert d’humour, de cynisme et d’un art de la provocation dont lui seul a le secret. Et si vous pensez qu’à notre époque, on ne pourrait plus dire de telles choses sans risquer de se faire « cancel », n’allez pas croire qu’Eminem en est ressorti indemne…

L’album de toutes les controverses

Au vu des thèmes sous-jacents de cet album, il était évident qu’Eminem allait créer la controverse. Il le savait d’avance, mais comme en témoigne son annonce en guise d’introduction à l’album, fidèle à son credo, il n’en avait rien à foutre ! Ses mots sont les suivants : “Slim Shady n’en a rien à foutre de ce que tu penses, si tu n’aimes pas tu peux toujours sucer sa putain de b*te. Slim Shady en a marre de vos conneries et il va vous tuer. Quelque chose à ajouter, Em’ ? Ouais, attaquez-moi en justice !”

Évidemment, ça n’a pas manqué : à l’aube du nouveau millénaire, Eminem est devenu l’ennemi public numéro 1. Pendant que les parents désabusés et les politiques l’accusaient de corrompre l’esprit de la jeunesse sans vergogne, il s’est pris de plein fouet le backlash d’associations de défense des femmes et des LGBT. Il est traîne au tribunal, mais refuse catégoriquement de se justifier. Pour lui, il ne faut pas être bien malin pour croire que ce qu’il dit est à prendre au sens littéral.

Néanmoins, voyant que la justice compte tout faire pour le mettre derrière les barreaux, il fait taire ceux qui l’accusent d’homophobie en invitant son ami Elton John, figure forte de la communauté homosexuelle, sur la scène des Grammy Awards en 2000. Ensemble, ils interpréteront son morceau « Stan », une performance qui figure par ailleurs sur le premier best of d’Eminem, Curtain Call : The Hits.

Et puisqu’on parle des Grammy’s, c’est ce même soir qu’au grand dam de ses détracteurs, Eminem sera nominé dans trois catégories différentes. Il remportera même deux trophées : celui de la meilleure performance rap en solo pour « My Name Is » et celui du meilleur album de rap grâce à son projet précédent The Slim Shady LP.

MMLP a mené Eminem au sommet

Se prendre une tempête médiatique aussi forte en pleine face et en sortir plus fort, peu d’artistes l’ont fait, mais c’est incontestablement le cas d’Eminem. Après le succès de The Marshall Mathers LP, le rappeur de Détroit, s’il ne s’est pas calmé en termes de polémiques, s’est définitivement imposé dans le cœur du public comme une superstar du rap et du show business. Un nouveau statut qu’il prendra un malin plaisir à mettre en scène et à porter en dérision dans son album suivant, The Eminem Show…

Mais ça, c’est une autre histoire ! Si toutefois après ce retour nostalgique sur The Marshall Mathers LP, vous souhaitez prolonger la magie d’Eminem, nous vous invitons à (re)découvrir ses meilleures punchlines, qu’elles soient à l’ancienne ou de nouvelle génération !