Fifou, le photographe du rap français

Quand on parle rap français, difficile de ne pas évoquer Fifou. Pourquoi ? Parce que le mec est là depuis avant nous et continue de briller aujourd’hui encore. Qu’est-ce qu’il fait ? Ho rien, juste shooter les covers d’albums les plus mythiques. Il a commencé y a plus de 20 piges, et continue d’être débordé de fou.

Aujourd’hui, le photographe se présente comme photographe/directeur artistique et on comprend. Terminé le temps où il suffisait d’avoir une belle pochette, accompagnée d’un beau livret, pour transmettre son identité d’artiste. Aujourd’hui, il faut prendre en compte les nombreux canaux de communication, notamment digitaux, et créer de l’image adaptée à chacun de ces canaux.

Fifou est l’homme idéal pour ça. Lui que les grands médias surnomment « L’homme aux mille pochettes », a par la force des choses, le bagou et l’expérience nécessaire pour gérer l’identité de l’artiste de A à Z.

Comme on entend souvent parler de lui, on avait envie d’aller chercher 8 pochettes iconiques à nos yeux et de s’en servir comme prétexte pour parler de cette personnalité incontournable du rap français. Celui qui a aussi bien travaillé pour Booba, PNL, Kalash Criminel ou encore récemment le rappeur controversé Serane ne manque jamais nous étonner.

Kalash Criminel – « Bon courage »

À l’heure où j’écris ces quelques lignes, « Bon courage » n’est pas encore sorti. Le prochain album de Kalash Criminel prévu pour le 23 février 2024, promet d’être légendaire comme d’habitude. Souvenez-vous en 2019, Kalash Criminel sortait l’album « Fosse au lion » pourvu d’une pochette vraiment moche. Le principale intéressé s’en est lui-même moqué, lors d’une interview avec Mehdi Maizi. Depuis, malin, il a fait appel à Fifou pour une cover très cinématographique.

Aya Nakamura – « DNK »

Avec cette pochette pour la chanteuse française la plus populaire dans le monde, Fifou diffuse son travail à l’échelle mondiale. Et mine de rien avec cette cover, il casse un des codes les plus ancrés dans le rap et la musique en général : le fait de montrer le visage de l’artiste. En fait c’est simple, être identifié pour un artiste c’est la chose la plus importante quand t’es pas connu, et ensuite quand t’es connu ça permet de capitaliser dessus. Cagouler Aya Nakamura, c’est cagouler une star internationale et donc potentiellement s’asseoir sur la force de sa notoriété.

Prince Wally – Moussa

Le rappeur Prince Waly est revenu en 2022 avec son album « Moussa », immense succès d’estime. Fifou réalise avec le rappeur une de ses pochettes que je préfère. C’est simple mais ultra impactant. Le rappeur se remet à peine d’un cancer qui a bien failli lui coûter sa carrière. Sur la pochette, on le voit survivre à un accident qui aurait pu lui coûter la vie. C’est mon interprétation mais j’imagine que c’est lié.

Tuerie – Papillon Monarque

Encore une pochette dont le symbolisme est à étudier dans toutes les écoles d’art. Le papillon, symbole de renaissance, est utilisé ici pour coller au thème prépondérant du projet. Tuerie, membre de la team Foufoune Palace, la même que Luidji, avait dans son premier projet parlé de son enfance. Avec Papillon monarque il parle de sa vie d’artiste, sa vie adulte donc : le papillon, la chenille, vous avez capté.

PNL – Dans la légende

Tout le monde connaît la pochette de Dans la légende. C’est probablement une des plus mythiques du photographe. Je dis photographe mais ici, c’est le terme graphiste qui est approprié. Fifou n’a jamais rencontré les deux membres du groupe, il a expliqué que tout s’est passé par dm sur les réseaux. Vraiment ouf quand on y pense, mais pas tant que ça, car Fifou a commencé en tant que graphiste avant de se diriger vers la photo. Il est donc revenu à ses premiers amours avec cette pochette.

J’ai choisi cette cover parmi toutes les autres car j’aime bien sa force, dans la simplicité. Il a expliqué à propos de cette cover, que ça été hyper simple : shooté en 30 minutes, il a fait venir deux copines, le rappeur et son grillz, acheté un testeur de diamant et le tour est joué. Une mise en scène ultra efficace.

Avec cette cover de 2012, Fifou a pris un tournant. Ici, c’est une simple photo, pas d’attributs graphiques. C’est à partir de ce moment-là qu’il s’assume vraiment en tant que photographe. Il faut dire que la puissance de cette photo est indéniable.

Kool Shen – l’avenir est à nous

Je termine par le commencement. C’est la toute première pochette de Fifou ! À l’époque, il avait déjà shooté à droite à gauche, des artistes, mais jamais pour une cover d’album. C’est l’équipe de Kool Shen qui le contacte, et lui demande de venir en studio pour shooter ça. Il s’avère qu’il avait jamais mis les pieds dans un studio photo à l’époque. Mais son inexpérience, il la compense avec son talent inné de directeur. Et le tour est joué.

Aujourd’hui Fifou c’est mille pochettes, un artiste aux mille idées et mille envies, qui a fait beaucoup pour la culture. Retrouvez d’ailleurs dans son livre « Archives« , une grande sélection de ses pochettes, et les petites et grandes histoires qui les accompagnent.