La stratégie de Drake dans son clash avec Kendrick Lamar

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What a time to be alive ! C’est ce que diront tous les fans de rap américain qui depuis quelques jours maintenant se délectent du combat rapologique qui fait rage entre Drake et Kendrick Lamar. Chose amusante, cette expression très utilisée par les Américains, a aussi donné son titre à la mixtape commune de Drake et Future sortie en septembre 2015. Un comble quand on sait que le rappeur d’Atlanta est également à l’origine du morceau qui a relancé, et même carrément propulsé dans une autre dimension, ce clash historique et déjà légendaire entre deux des artistes les plus puissants et influents du game actuel.

Contrairement à son image de Certified Lover Boy, Drake est loin d’être un vétéran en matière de clashs. Il avait même prouvé qu’il était plutôt bien dans l’exercice lorsqu’en 2013, il était parvenu à mettre Meek Mill sur la touche. En 2018 en revanche, le vent a plutôt mal tourné pour lui puisqu’il a à son tour été mis hors-jeu, par Pusha T cette fois, qui l’avait achevé en révélant au monde entier l’existence de son fils Adonis.

Avec une expérience en dents de scie dans l’art du clash, Drake joue donc très gros en s’attaquant aujourd’hui à l’un des plus gros poissons du rap game. Mais en même temps, pouvait-il rester silencieux alors que le rappeur de Compton venait de lui arracher de force sa place au sein du Big 3 du rap US ? Celle qu’il avait lui-même revendiqué quelques mois plus tôt sur son morceau « First Person Shooter » avec J. Cole ? Absolument pas.

Drake Vs Kendrick & le reste du monde

C’est ainsi qu’après la première salve tirée par Kendrick dans « Like That », morceau issu du premier album de Future et Metro Boomin, le rappeur de Toronto a contre-attaqué avec deux morceaux finalement assez moyens. Dans « Push Ups » tout d’abord, il a utilisé une IA pour invoquer 2Pac et Snoop Dogg dans son combat contre Kendrick. Un choix pour le moins surprenant quand on sait que Drake a plusieurs fois été épinglé pour faire usage de ghostwriters. Un point que son adversaire ne manquera pas de souligner par ailleurs.

Après quoi, entre deux trois punchlines au sujet de la petite taille de Lamar, Drizzy affirme dans « Taylor Made Freestyle » que son adversaire est un esclave de l’industrie musicale. Un pantin au service des maisons de disques et de ses coqueluches, Taylor Swift en tête. Et pour bien montrer qu’il ne craint personne, il n’hésite pas non plus à affirmer sa supériorité face à n’importe lequel de ses homologues, en chargeant frontalement Kendrick, mais aussi Future, Metro Boomin, Rick Ross et A$ap Rocky qui entre temps étaient eux entrés dans l’arène pour le clasher.

Il a beau dézinguer le monde entier tel un Thanos gonflé à bloc, son principal ennemi à abattre reste assurément l’auteur de Mister Morale & The Big Steppers. Ainsi, après avoir utilisé toutes les cartouches d’attaques faciles, car relative à son physique, Drake va n’avoir aucun autre choix que de monter son niveau d’un cran après la frappe dévastatrice qu’a été « euphoria ». C’est bel et bien ce qu’il va faire en lâchant « Family Matters ».

Avec ce titre, son objectif est clair : en plus de glisser quelques nouvelles piques à Future, Metro Boomin, Rick Ross et A$ap Rocky qui entre temps ont ajouté leur grain de sel dans le beef, il veut remettre en question l’authenticité de Kendrick ainsi que la fiabilité de son équipe au sein de TDE. De plus, il cherche surtout à faire tomber son masque et dévoiler ses plus noirs secrets. Entre autres, il juge le rappeur hypocrite et l’accuse d’utiliser sa foi à des fins mercantiles.

Et puisque son rival s’est aventuré sur les questions familiales, lui aussi ne va pas se priver d’aller sur ce terrain-là. Bien entendu, il n’est ici pas question d’enfant caché, mais de s’attaquer subtilement à la bien-aimée de Kendrick. Je dis subtilement car en plus de glisser quelques rimes assassines en lien avec la relation de Kendrick et Whitney Alford, il va, en bon « lover boy » qu’il est, s’afficher avec la bague de fiançailles de cette dernière sur la pochette de son morceau. Comprenez par là que comme avec de nombreuses femmes, Drake aurait aussi fait chavirer le coeur de la compagne de Kendrick grâce à sa musique.

Avec son dernier diss track « The Heart Part 6 », en référence à la série de morceaux éponyme du gamin de Compton, Drake va s’immiscer directement dans la discographie de adversaire. Le coup est bien joué, mais malheureusement, assez mal executé. En effet, si les attaques de Drake sont légion sur ce titre, elles semblent davantage adressées à son entourage plutôt qu’à l’intéressé lui-même. Si Kendrick ne s’est évidemment pas gêné pour tacler le squad OVO dans ces différentes diss tracks, ici, c’est Dave Free, l’ancien président de TDE qui en prend particulièrement pour son grade.

Si pour l’heure on ne peut décemment pas dire que Drake a réussi à enterrer Kendrick avec ses différentes attaques, il a au moins le mérite d’avoir tenté d’assurer sa défense. En effet, le rappeur s’attelle surtout à désamorcer une à une les accusations graves proférée par son adversaire. Comprenez par là qu’il faudra plus que quelques rimes pour prouver que Drake a bel et bien une fille cachée, qu’il est un mauvais père et qu’il couche avec des mineures. Son ultime argument étant même de dire que ces accusations ont été montée de toutes pièces par lui et son équipe afin que Kendrick se jette la tête la première dedans et passe pour quelqu’un qui ne vérifie simplement pas ses sources. De son côté, Kendrick ne devrait pas s’arrêter là et il y a fort à parier qu’il soit déjà en quète de nouveaux squelettes dans le placard de son ennemi.

La plaidoirie de Drake contre Kendrick Lamar vous a convaincu ? Pour prolonger le plaisir de ce beef, vous pouvez vous replonger dans l’intégralité de la discographie du rappeur en retrouvant tous ses projets en CD / vinyles sur le Dose Store.