Quand Sonic déferle à toute vitesse sur le rap game
Sonic, le hérisson bleu ultra-rapide a profondément marqué le monde du jeu vidéo et de la pop culture, mais aussi le rap et les punchlines de tes rappeurs préférés.
Les mascottes dans le jeu vidéo, c’est cool. Pour faire de l’ombre à Mario et sa domination insolente sur le marché vidéoludique, SEGA, la firme japonaise concurrente de Nintendo a dû frapper fort. Celui qui portera cette mission sur ses épaules, c’est Sonic. Il est tout l’inverse du plombier italien moustachu. Il est bleu, rapide, arbore des traits et une attitude juvénile et ramasse des anneaux au lieu des pièces. Bingo, la mayonnaise prend. Avec ses premiers épisodes sur consoles SEGA, le hérisson s’offre une place de choix dans le cœur des joueurs de l’époque.
Durant son irrésistible ascension, Sonic a lui aussi suivi les traces de Mario en diversifiant ses activités. Si sa reconversion a pour ainsi dire moins bien marché, les plus anciens d’entre vous se souviendront sûrement que Sonic a aussi eu une carrière musicale dans l’une des séries animées qui lui étaient consacrées. Sauf qu’il n’a pas brillé dans le rap, mais dans le punk rock, musique phare de son époque. Pas rancuniers pour un anneau, nombreux sont les rappeurs à avoir kiffé ses aventures et à lui avoir rendu hommage en musiques et en punchlines.
Sonic dans le rap rime avec vitesse et moula
Quand on parle de Sonic dans le rap francophone, on pense immédiatement à Caballero & Jeanjass, qui lui ont carrément dédié un titre dans leur projet High & Fines Herbes. S’il s’agit surtout d’un morceau egotrip, c’est Luv Resval, alors invité sur le titre qui cite le hérisson dans le refrain. Il arrive même à poser Sonic et Tony Montana dans la même punch, et franchement ça s’applaudit : « Rapide, j’suis comme Sonic (yeah), j’veux d’l’oseille à Tony (yeah)« . Il compare ici son flow, à la vitesse stratosphérique de l’animal chasseur d’émeraudes. Adepte des références vidéoludiques dans ses textes, le rappeur originaire de l’Essonne poursuit le délire dans l’outro, en comparant la moula qu’il amasse avec le rap, aux anneaux que Sonic récupère dans les différents niveaux de ses jeux : « J’gratte les anneaux, j’te crame la main si j’te sers la mano« . Demi Portion aussi en place une dans ce sens, mais avec un ton plus amer dans son morceau « Avec Plaisir » : « Anti rap touriste, un tas d’comiques où ça court pour la thune comme le sale jeu d’Sonic ».
Si la majorité des punchlines qui citent Sonic mettent en avant sa vitesse, certains rappeurs se montrent un peu plus originaux en osant la comparaison avec quelques potes du hérisson, car que serait Sonic sans son équipe de potos ? Alors concernant Tails, le renard à deux queues, direct, on aurait pu s’attendre à ce que les rappeurs se servent de lui pour vanter les capacités de leur organe reproducteur, mais non. C’est finalement sa capacité à voler et planer qui est mise en avant, notamment par Alpha Wann dans le morceau « Parapente » de 1995 : « Le Phaal, sans teu-teu, n’a que des insomnies, comme le renard à deux queues dans Sonic, je plane« . Au moins, c’est fin et on aime ça !
Parmi les name drop des potes de Sonic, on retrouve aussi une référence à Shodow, son Némésis et alter ego maléfique par Damso. Dans son titre, « Δ. Dieu ne ment jamais« , il semble se comparer implicitement à celui qui contrôle le chaos. « À chaque fois qu’je sors sans prendre des sous, la vie me rappelle que je viens de loin. Pique dans le dos tel le sombre hérisson, trahison sponso’ par Louboutin ». Rien de sûr pour celle-là, mais on aime bien cette interprétation.
Avec sa force brute, on aurait pu penser que Knuckles, l’échidné et second rival de Sonic aurait eu une place de choix dans les punchlines de rappeurs, mais non. Pas non plus de références notables à Super Sonic, la forme ultime du hérisson aux pics dorés. Les rappeurs préfèrent sans doute faire allusion à DBZ et au mode Super Saiyan quand il s’agit de passer en mode furie. Un choix difficilement contestable, vous en conviendrez.
Mais ne soyez pas frustré puisque le véritable ennemi de Sonic n’a heureusement pas été oublié. Méchant charismatique de l’univers, le Docteur Robotnik, avec sa moustache saillante et son look de savant fou n’a pas été oublié. Sadek lui a rendu hommage dans un freestyle bien sale balancé lors d’un Planète Rap : « J’trinque qu’avec les Turques, qu’avec les Bosniaques. On mange le hérisson avec Robotnik ». La violence de cette punchline en dit long sur l’envie de Johnny Niuuum d’écraser ses adversaires.
Au final, Sonic s’est fait une place de choix dans les punchlines de tes rappeurs préférés. Et même s’il est moins présent que les Pokémon ou que Mario dans les textes de rap, la faute à un déclin progressif ces dernières années, il semble revenir sur le devant de la scène avec les films et les nouveaux jeux qui arrivent. Reste à voir si le rap le suivra dans sa reconquête supersonique du public.