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50 ans du Hip Hop 🎂

Avec It’s Dark and Hell is Hot DMX a choppé le rap par la jugulaire

It's Dark and Hell is Hot de DMX pour les 50 ans du hip-hop

Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, on revient sur les albums de rap légendaires qui ont forgé son histoire. Aujourd’hui : It’s Dark and Hell is Hot de DMX.

Quand un artiste décède, la planète rap a vite fait tendance à le qualifier de légende. Sans manquer de respect aux rappeurs et rappeuses disparus, beaucoup d’entre eux n’ont malheureusement pas vécu ou impacté suffisamment la culture hip-hop pour objectivement prétendre à ce statut prestigieux. Quand DMX nous a quittés le 9 avril 2021 à cause d’une crise cardiaque des suites d’une overdose, cette place au Panthéon des plus grands MC de tous les temps, il ne l’a pas seulement mérité dans la mesure où il l’avait déjà gagné bien avant son dernier souffle. Tout ça autant pour l’ensemble de sa carrière que pour le personnage impitoyable qu’il s’est créé.

En effet, DMX n’est pas seulement un rappeur, c’est aussi et surtout un Cerbère des Enfers, un vrai. A raison que la fureur de Satan, il l’a connu dès son plus jeune âge au travers une jeunesse chaotique. Elevé dans les rues froides de Yonkers à New-York, le jeune Earl Simmons n’a que quatorze ans lorsqu’il tombe dans le crack. A cette époque, il vit principalement dans la rue, vit déjà avec ses chiens et a déjà l’habitude de dépouiller des gens dans la rue, et particulièrement des dealers, pour se faire de l’argent.

A cause de ses vols à répétition et sa consommation massive de drogues dures, il aurait pu sombrer et mourir jeune, mais heureusement pour lui, il avait une autre passion dans la vie : le rap. Homme de freestyles et véritable compétiteur, DMX s’est fait connaître en rappant accapela dans la rue et toujours accompagné de son chien Boomer. La légende du battle Murder Mook a même raconté peu de temps avant la mort de DMX que ce dernier utilisait son ami à quatre pattes comme backer lorsqu’il lâchait des barz. Cette façon de faire couplée à une voix rauque unique et reconnaissable entre mille, forcément que ça se remarque. Mieux encore, ça se démarque. Suffisamment pour taper dans l’oeil de Irv Gotty, l’un des producteurs et directeurs artistiques de Def Jam à l’époque.

Sauf qu’au départ, ça ne passe pas et lorsqu’il présente DMX aux cadres de la maison de disques, ceux-ci lui rient au nez. Non seulement DMX se prend pour un chien quand il rappe, n’hésitant pas à aboyer dans ses couplets, mais surtout, quand il débarque dans le game, la tendance du moment est aux vibes de Death Row sur la West CoastBad Boy Records et le We-Tang Clan sur la East Coast. Autrement dit, rien à voir avec ce que propose le rappeur new-yorkais.

Mais Irv Gotty ne se débine pas, conscient que DMX a le potentiel de percer, il insiste et Lyor Cohen, le directeur de Def Jam accepte d’assister à une session studio avec lui. Lorsqu’il le voit de ses yeux, c’est une évidence : DMX sera son nouveau poulain. Nouvellement signé chez Ruff Ryders / Def Jam, il va commencer à bosser sur son premier album, It’s Dark and Hell is Hot. Un classique la team on vous le dit.

It’s Dark and Hell is Hot de DMX, un album sorti des enfers

Pour sûr que lorsque le monde découvre cet album, il n’était pas prêt. Disons-le, ce que DMX propose sur ce It’s Dark and Hell is Hot, n’a rien à voir avec les codes contemporains du rap. Exit la fête et l’entertainment chers aux équipes de Bad Boy Records, DMX va bousculer tout ça, proposer l’exact inverse et faire du rap sale. Avec lui, c’est toute sa noirceur et les côtés les plus sombres de son être qui vont déferler sur le rap game.

Et même si les vibes du premier single « Get at me Dog » restent assez conventionnelles et dans la lignée de ce qu’est le rap new-yorkais de la fin des ninties, la patte agressive du reste de l’album a de quoi déboussoler le public. Ne comptez pas sur DMX pour faire dans la dentelle. Inspiré de son vécu dans la rue, son rap est violent, hardcore, effrayant et transpire la trahison et la vengeance.  Tout ça, c’est le fond. Pour la forme, cet album propose des beats différents de la tendance du moment. La musique est glaçante, les drums font froid dans le dos et les rythmiques minimalistes qu’il choisit nous donnent réellement l’impression de franchir les portes du royaume des ténèbres. Les prods sont pour la plupart signées Swizz Beatz et sont toutes garnies d’aboiements et des gémissements de chiens. On parle de DMX tout de même.

A sa sortie, cette proposition surprend et une partie du public a carrément du mal à adhérer à la vibe. Comprenez par là que rien ne la prédestine le premier album de DMX à connaître le succès commercial. Heureusement, des morceaux toujours aussi spés, mais plus fédérateurs comme « Ruff Ryders Anthem » vont aider à faire passer la pilule et mettre tout le monde d’accord. Mon Dieu ce refrain de DMX, c’est du génie !

Résultat, plutôt que d’être jeté à la poubelle et catalogué tout de suite comme un projet de niche, It’s Dark and Hell is Hot va immédiatement se hisser au sommet des charts, à la place de numéro 1 du Billboard 200 et se vendre à 251 000 exemplaires la première semaine aux États-Unis. Un peu plus de deux ans après sa sortie, le 18 décembre 2000, l’album sera carrément certifié quatre fois platine, car écoulé à quatre millions d’exemplaires aux US. Des scores complètement dingue pour un projet étiqueté « hardcore » et plus encore.

Comme quoi, Irv Gotty avait vu juste depuis le début, et comme l’a si bien dit Nas dans une interview en 2013, « 1998, [la date de sortie de It’s Dark and Hell is Hot ndlr] c’était l’année où le DMX a conquis le monde ». Bien envoyé Nasir, mais allons plus loin en disant que ce jour-là, DMX a chopé le hip-hop par la jugulaire pour ne plus jamais le lâcher. La preuve, il n’est plus, mais ses traces de dents elles, sont restées et ne disparaîtront jamais.

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