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Jay-Z : ses débuts clinquants avec Reasonable Doubt

Reasonable Doubt, retour surle classique de Jay-Z pour les 50 ans du hip-hop

Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, on revient sur les albums de rap légendaires qui ont forgé son histoire. Aujourd’hui : Reasonable Doubt de Jay-Z.

Quand on pense réussite, on pense immédiatement à Jay-Z. En même temps, si un visage devait être apposé à la définition de success story dans le dico, c’est bien le sien. Depuis le début de sa carrière, Shawn Carter a tout raflé jusqu’à devenir l’un des artistes et homme d’affaires les plus puissants du monde. Il suffit de lire quelques lignes de son immense CV pour s’en rendre compte.

Moitié de l’un des couples les plus puissants du monde, artiste légendaire aux cent millions d’albums vendus, détenteur de vingt Grammy Awards, certifié par la NBA et la MLB, créateur de la marque de prêt-à-porter Rocawear, propriétaire de la maison de champagne Armand de Brignac, ancien président du label Def Jam Recordings, cofondateur de Roc-A-Fella Records et fondateur de Roc Nation… Vous savez maintenant pourquoi le compte en banque de Jay-Z pèse aujourd’hui plusieurs milliards de dollars. Mais tout cet empire artistique et financier ne s’est évidemment pas construit en un jour. Tout a commencé en 1996 avec un premier album intitulé Reasonable Doubt.

Issu d’une famille monoparentale et élevé par sa mère Gloria dans la noirceur de Brooklyn à New-York, Jay-Z commence en tant que dealer de drogues, mais va vite se tourner vers la musique et le rap. En 1995, il crée avec ses deux associés Damon Dash aka « Dame » et Kareem Burke aka « Biggs », son label Roc-A-Fella. A ce moment-là, Biggie est à son apogée et Nas a déjà sorti son premier classique Illmatic. Comprenez par-là qu’avec tous ces nouveaux noms en place, il semble déjà bien difficile de s’accaparer une part du gâteau du rap new-yorkais. C’est la raison pour laquelle, lorsque le trio cherche un deal de distribution pour Reasonable Doubt, les maisons de disques dont hostiles. Qu’à cela ne tienne, Jay-Z sortira son premier album en totale indépendance. Le talent est là, la magie fera le reste.

Reasonable Doubt, chef d’oeuvre de Jay-Z et du « Mafioso rap »

La première chose qui frappe à l’écoute de Reasonable Doubt, c’est le talent inné qu’a l’artiste pour le rap. D’entrée de jeu, Hova s’impose naturellement un MC surdoué, dont la percussion des punchlines n’a d’égale que le flow et les acrobaties lyricales. Il s’éloigne également des sonorités crades et hardcores du rap new-yorkais de l’époque pour débarquer avec une imagerie plus clinquante et une façon de rapper plus classieuse. Aidé entre autres par les talents de DJ Premier et Super DJ Clark Kent à la prod, puis par ceux de Biggie, Marie J. Blige, Foxy Brown ou encore Memphis Bleek, au micro, il transforme le gangsta rap de l’époque en une toute nouvelle proposition : le « mafioso rap ».

L’idée derrière cette étiquette est de se poser en magnat de la rue, rendu riche par son passé de dealer de drogue. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que tel les héros de Scorcèse, ces gangsters des années 70-80, il pose en noir et blanc sur sa pochette en costume avec un cigare à la main, une écharpe blanche et coiffé d’un chapeau haut de forme. Comme s’il savait déjà qu’il serait amené à accomplir de grandes choses.

Mais alors qu’il déroule de façon réaliste son lifestyle de hustler, fait de richesse, d’opulence, de champagnes d’exceptions et de yachts de luxe, le succès commercial de ce premier album n’est pas immédiatement au rendez-vous. Certes, les critiques sont unanimes (The Source parle même de l’un des meilleurs albums de tous les temps à sa sortie) et ses skills rapologiques sont applaudies, il n’empêche que les chiffres ne suivent pas, faute d’une grosse distribution. Une vingt-troisième place au Billboard 200 et « seulement » 43,000 copies en première semaine. A titre de comparaison, l’album Ready to Die de Biggie s’est offert un démarrage à 57,000 exemplaires.

Ce n’est que plus tard que l’album obtiendra la reconnaissance qu’il mérite. Rétrospectivement considéré par beaucoup comme le meilleur album de Jay-Z, il sera certifié platine le 7 février 2002, soit presque six ans après sa sortie. Il n’a pas remporté de prix significatif, mais sera malgré tout classé 248e dans sa liste des « 500 meilleurs albums de tous les temps » du magazine Rolling Stone. Il passera à la 250e place lors de la révision de cette liste en 2012, puis à la 67e lors de sa dernière itération en 2020. Ce même magazine l’a également nommé 17e meilleur album des années 1990. C’est dire à quel point il a marqué la postérité.
C’était d’autant plus inattendu que Jay-Z, affecté de ne pas avoir obtenu un gros deal de distrib, comptait bien raccrocher le micro après ce premier album. Cependant, le roi de New-York de l’époque, Biggie, convaincu par son talent, le poussera à continuer. Christopher Wallace croyait même tellement en lui qu’il comptait former un groupe avec lui et la rappeuse Charlie Baltimore, sa petite amie de l’époque. Malheureusement, le groupe The Commission ne verra jamais le jour puisque Biggie se fera assassiner. Avec ou sans lui, Jay-Z a finalement poursuivi sa carrière jusqu’aux plus hauts sommets de l’industrie et du monde. On parle tout de même de celui qui, près d’une décennie plus tard, sortira son emblématique punchlines : « I’m not a businessman, I’m a business, man ! »

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