Notre avis sur l’épisode 1 du documentaire sur Kanye West

On a vu le premier épisode de Jeen-Yuhs, le documentaire en trois parties consacré à Kanye West. Voici ce qu’on en a pensé. 

Jusqu’au bout, on a bien cru que Jeen-Yuh, le documentaire en trois épisodes sur Kanye West n’arriverait jamais. La raison ?  Soucieux d’avoir le contrôle sur son image, l’artiste de Chicago avait ordonné à Netflix d’avoir la main sur le montage final du projet, sous peine d’en faire annuler la diffusion. A l’heure actuelle, on ne sait pas si la plateforme de streaming s’est pliée à ses exigences ou si le rappeur s’est finalement résolu à faire confiance à son réalisateur, mais le premier épisode de la série documentaire consacrée à la vie et l’œuvre du rappeur et producteur vedette de Chicago est bel et bien sorti comme prévu, ce mercredi 16 février.

Long d’une heure trente, au même titre que les deux autres parties qui suivront les 23 février et 2 mars prochains, « Vision » nous raconte les premières années de la carrière de Kanye West. Pour le plus grand plaisir des fans, l’artiste y est filmé en toute intimité par l’un de ses plus proches amis, Coodie Simmons. Sur le papier, se plonger dans la vie d’un personnage aussi ambivalent, controversé et imprévisible que Kanye West n’a pas dû être chose aisée, ce monsieur a fait le job d’une main de maître.

Un peu à la manière du frère d’Orelsan dans son documentaire « Montre jamais ça à personne », le réalisateur explique qu’il a toujours cru en Kanye West. Voilà pourquoi il décida d’allumer sa caméra bien avant qu’il ne devienne l’artiste légendaire et controversé qu’il est aujourd’hui. Les deux hommes ont la vingtaine lorsqu’ils se rencontrent pour la première fois à Chicago et à cette époque, Mr. West commence déjà à briller en tant que producteur.

A la même période, au-delà de ses talents incontestables aux machines, Yeezy veut aussi devenir rappeur. Cependant, il peine à obtenir la reconnaissance de ses pairs, mais Coddie croit réellement en son pote. Tout deux ont eu une vision commune, comme quoi grâce à ses talents et sa détermination, il deviendra une star du rap. Ni une ni deux, Simmons commence à filmer les moindre de ses faits et gestes.

Kanye West comme vous ne l’avez jamais vu

Au total, le réalisateur aura rassemblé et recoupé pas moins de 320 h d’images d’archives inédites pour construire ce documentaire, soit presque deux semaines non-stop de rush condensées en trois épisodes d’une heure et demie. Rythmé par la voix-off de ce dernier, le premier épisode nous fait remonter à la genèse de la carrière de Kanye West, lorsqu’il devait encore batailler pour s’imposer.

C’est un fait, en 2001, même si Kanye s’est fait remarquer pour avoir produit cinq titres de l’album The Blueprint de Jay-Z, il n’arrive pas à faire valoir ses talents de MC. Non pas qu’il ne sache pas rapper, mais parce qu’il ne rentre pas dans les clous et est trop différent des tendances gangsta rap de l’époque. Comprenez bien qu’un mec qui rappe l’amour des siens, sa foi en Dieu et exprime pleinement ses émotions, dans un rap game qui glorifie encore la vie de rue et la culte du gangster, ça fait tâche.

Coodie Simmons suivra donc Kanye West comme son ombre dans sa quête de percer dans la musique. De ses débuts à Chicago jusqu’à la signature de son premier contrat d’artiste chez Roc-A-Fella, en passant bien sûr par ses échecs successifs à New-York et de nombreux autres moments qui jalonneront le début de son parcours.

Quand bien même ces éléments chronologiques factuels n’auront aucun secret pour les fans du rappeur, la véritable valeur ajoutée de ce documentaire est incontestablement la pertinence de ses images. Vous aurez beau connaître sur le bout des doigts la carrière de Kanye West, vous ne pourrez qu’être surpris par les archives mémorables proposées ici. Par exemple, quel fan de Ye n’a pas rêvé d’assister à ses premières réunions infructueuses dans les bureaux du label Roc-A-Fella Records, la mythique maison de disques co-fondée par Jay-Z ?  Egalement, les séquences tirées des sessions d’enregistrement studio de son premier classique « Jesus Walks », mettront des étoiles dans les yeux aux plus nostalgiques d’entre vous.

Aussi, comment ne pas s’émouvoir devant les scènes de complicité touchantes entre Kanye et sa mère Donda West ? Tout comme le réalisateur Coodie, sa mère, également professeure d’anglais à l’université (décédée en 2007 et à qui il a dédié son dernier album), croyait dur comme fer à la réussite de son fils. Ce qui ne l’empêche pas de lui remettre les pendules à l’heure lorsque celui-ci fait (déjà) preuve d’excès de confiance.

L’une des phrases les plus inspirantes prononcée par cette mère aimante à son fils sera d’ailleurs, « On peut tout à fait s’envoler vers les sommets et garder les pieds sur Terre ». Une leçon que celui qui se prénomme désormais Ye a visiblement bien du mal à se souvenir.

Ces quelques exemples ne sont qu’une infime partie des moments forts que nous réserve ce premier épisode de Jeen-Yuhs (à prononcer « Gen-ius », ou génie en anglais). En suivant ce schéma pour la suite du documentaire, les deux épisodes prévus pour les deux semaines devraient monter crescendo au rythme de la trépidante carrière de Kanye West. Voilà de quoi nous tenir en haleine jusqu’à la sortie de Donda 2. Un onzième album qui, sauf revirement express de son auteur, est toujours prévu pour le 22 février 2022.