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Killer Mike, non mais c’est qui lui ?

killer mike Grammys

Alors que la traditionnelle cérémonie des Grammy Awards bat son plein, un rappeur monte sur scène pour récupérer son trophée. Ce gars, c’est Killer Mike. Plus confidentiel que Her Loss de 21 Savage & Drake ou Utopia de Travis Scott, Michael l’album du rappeur d’Atlanta rafle pourtant la récompense tant convoitée. Signe évident que pour le jury, ce ne sont pas les ventes d’albums qui comptent mais bien la qualité, toute subjective qu’elle soit. 

Forcément y a des hordes de fans mécontents qui crient au vol sur les réseaux. Je me dis que peu importe qui aurait gagné de toute façon il y aurait eu des levées de bouclier, c’est les réseaux c’est comme ça. Souvenez-vous comme ça crachait sur Utopia quand il est sorti, soit disant trop long et sans âme, aujourd’hui ces mêmes rageux changent de camps pour continuer de rager. Ça fait du bien il paraît.

Une des critiques qui revient le plus, c’est le méprisant « C’est qui lui ? « . Ba oui quand on écoute du rap, on peut accéder à une telle immensité de propositions, que passer à côté de Killer Mike est tout à fait possible. Ce qui est un peu plus relou c’est d’utiliser son ignorance pour justifier un mauvais choix de remise de trophée. Mais là n’est pas le sujet. J’ai juste envie de répondre à cette question tout à fait légitime : c’est qui Killer Mike ? 

Un proche d’Outkast

Pour comprendre qui est Killer Mike, il faut parler de la Dungeon Family. C’est un groupement d’artistes d’Atlanta, dans lequel on retrouve les très connus Outkast, mais aussi des gens comme CeeLo Green, Janelle Monáe et Killer Mike. Ces artistes se fédèrent autour d’une personne, le producteur Rico Wade, et surtout son studio surnommé : The Dungeon. À l’époque Atlanta n’a clairement pas l’aura qu’elle a aujourd’hui, c’est un peu la grande oubliée sur la carte américaine quand on parle de rap. Jusqu’à ce que Outkast dévoile ATliens, en 1996.

Après ATliens, la Dungeon Family continue d’expérimenter, de casser les codes en portant Outkast vers le succès. Une famille bourrée de talents, qui se serre les coudes à fond. C’est pour ça qu’en 2000, on retrouve Killer Mike sur le son Snappin’ and Trappin’. C’est sa toute première apparition. S’ensuit un an plus tard, sur l’album Big Boi and Dr Dre present : The Outkast, une nouvelle collaboration, le son The Whole World. Cette fois, le titre dépasse les attentes de tout le monde, et se retrouve récompensé… d’un Grammy ! Pour la performance rap de l’année. C’était donc pas le premier Grammy de Killer Mike. 

 

Run the Jewels, un duo légendaire

Après être apparu sur les projets d’Outkast, il sort en 2003 son premier album, Monster. Un début ultra prometteur : il se place N°10 au top 200 billboard. Mais on dirait que ça se corse un peu pour Killer Mike ensuite, Ghetto Extraordinary qui devait être son second album ne sera finalement qu’une mixtape sortie en indé. La raison ? Une embrouille entre Big Boi et Sony records, j’en sais pas plus. Il s’éloigne alors de la major pour atterrir chez Grind Time et sortir Ghetto Extraordinary.

Ça ressemble à une traversée du désert. Mais là où certains n’en sortent jamais, Killer Mike va y arriver, à l’aide du rappeur/producteur El-P. Ils font un son puis deux, puis décident de fonder un groupe. Run the Jewels, c’est 4 albums éponymes, en 2013, 2014, 2016, et 2020. 4 précieuses pépites à écouter d’urgence si le rap US vous intéresse.

J’ai essayé de voir où en était le projet maintenant, bon, ils ont fait quelques shows pour fêter les 10 ans du duo et ils ont release un jus. Oui oui, t’as bien lu. Les bougs vendent des canettes de jus, c’est de ricains, faut pas chercher à comprendre. En tout cas ce qui est sûr, c’est que dans les commentaires, à chaque publications, les fans demandent : « ça en est où RTJ5 ?? »

Jusqu’à Michael un album digne des Grammys

Michael selon Killer Mike, c’est un truc proche de lui. C’est un projet qu’il explique comme étant un retour aux sources. Un retour à Atlanta, sa maison. Il s’échappe de Run The Jewels pour se concentrer sur lui, sur ce qu’il a dire. Parce qu’il en a des choses à dire Killer Mike. Je me souviens d’une émission documentaire sur Netflix, « Trigger Warning with Killer Mike« .

Pour le premier épisode par exemple, il décide pendant trois jours, d’utiliser et de consommer uniquement des produits provenant de la communauté noire. C’est toujours engagé, c’est toujours drôle. Pour le troisième épisode, il est déçu de voir que certains gangs comme les Crips de Los Angeles n’ont jamais su tirer profit de leur image de marque, il les aide donc à lancer un produit qui détrônera le Coca-Cola. BREF vous avez capté la vibe. 

Dans son album on retrouve ça. Des lyrics engagées envers la communauté afro, mais pas dénuées de fun. Parce qu’on pense souvent rap conscient = rap chiant. Ba pas avec Killer Mike. L’entertainment est bien présent. C’est tout le sel de ce projet. Et je pense que c’est ce que les votants des Grammys ont vu.

J’avais envie de finir par une phrase de Kendrick Lamar provenant du son Hood Politics : « Les critiques se plaignent sur le manque de vraies performances rap de nos jours. FDP si vous le pensiez vraiment Killer Mike serait disque de platine. » Ça résume parfaitement les débats qui font rage en ligne en ce moment : succès d’estime mais pas dans les stats. 

Killer Mike

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