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Def Jam Recording : 40 ans de rap et de légende

Le label mythique du hip-hop Def Jam Recording fête ses 40 ans

Si 2023 célébrait les 50 ans de la culture hip-hop, 2024 marque le quarantième anniversaire d’une institution mythique de l’industrie musicale : le label Def Jam Recording.

Quand on pense label historique de la culture hip-hop, le premier qui vient généralement sur toutes les lèvres est généralement Death Row Records. En même temps, en plus d’avoir été dirigé par l’impitoyable magnat Suge Knight et l’immortel Dr. Dre, on parle là de l’écurie qui a formé Snoop Dogg, Tupac, et toutes les autres figures emblématiques de la west coast. A l’inverse, ceux qui sont plutôt tournés vers New-York penseront davantage à Bad Boy Records. Quoi de plus normal quand on sait que la maison musicale fondée par Diddy a su quant à elle fédérer tous les plus grands rappeurs de la ville-mère du hip-hop. Mais les vrais savent qu’en plus de ceux qui ont incarnés la rivalité east coast / west coast durant les nineties, il existe un autre label qui a su se faire une place de choix dans la culture hip-hop, mais aussi dans l’industrie musicale toute entière. Il s’agit bien sûr du mastodonte Def Jam Recording. A l’occasion de son quarantième anniversaire, quoi de plus normal que de se pencher sur l’histoire de ce label mythique ? Une institution sans laquelle le hip-hop ne serait pas ce qu’il est aujourd’hui.

Def Jam Recording : la genèse

Tout commence à New-York en 1984, dans une chambre universitaire de la résidence Weinstein Hall. C’est ici que Rick Rubin, un étudiant en art fan de métal, et Russel Simmons, à l’époque frère et manager du groupe Run-DMC, font poser les fondations de ce qui deviendra plus tard l’un des plus grand label discographique du monde. Les deux hommes se sont rencontrés quelques semaines plus tôt dans les coulisses de l’émission télé Graffiti Rock. Ils vont se lier d’amitié après que Simmons avoue à Rick que son morceau préféré n’est autre que « It’s Yours » de T La Rock et DJ Jazzy Jay, un titre qu’il a lui-même produit. Sachez d’ailleurs pour l’anecdote que ce morceau sera le premier de l’Histoire à porter le logo Def Jam sur sa galette, cela même s’il est sorti sous la houlette du label Partytime.

C’est Rick Rubin, depuis longtemps animé par l’idée de fonder son propre label indé, qui va créer officiellement Def Jam tandis que Russel va investir dans la machine pour la faire grossir. Ensemble, les deux hommes nouvellement associés vont produire « I Need a Beat », l’un des premiers classiques de LL Cool J et « Rock Hard » du groupe Beastie Boys, deux titres qui feront un carton dans les charts. Ce double succès commercial retentissant va forger la réputation de Def Jam et mener Rick et Russel à signer un deal de distribution avec la major Columbia Records l’année suivante, en 1985.

Dans la foulée, LL Cool J, le premier artiste du label qui n’a que seize ans va alors quitter le lycée pour se consacrer pleinement à son premier album, Radio. Premier skeud lâché par Def Jam et entièrement produit par Rick Rubin, il s’écoulera à plus de 500 000 exemplaires en moins de cinq mois avant d’atteindre le million de copies et la certification platine plus tard dans l’année. Ce succès marquera le début d’une irrésistible et ininterrompue épopée pour Def Jam.

Après LL Cool J, Les Beastie Boys vont ensuite enchaîner en 1986 avec l’album Licenced to Ill, un projet labellisé Def Jam. On parle là d’un des albums les plus vendus des années 80 et du premier disque de rap à attendre le sommet du Billboard Hot 200, un place qu’il occupera pendant cinq semaines d’affilée. Certifié platine à son tour quelques mois après sa sortie, il atteint même la certification diamant en mars 2015, révélateur de plus de dix millions d’exemplaires vendus.

Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, Def Jam va aussi produire Public Enemy, le groupe formé par Chuck D, Flavor Flav, DJ Lord, le groupe S1W, Khari Wynn et Professor Griff qui se démarque par ses textes politiquement engagés, contestataires et ultra-violents. Ils ne s’appellent pas Public Enemy pour rien leur premier album, Yo! Bum Rush the Show, sorti en 1987 sera très vite l’objet de toutes les controverses, la faute à des propos hardcore et au nationalisme noir exacerbé de Chuck D qui ne manquera pas de bousculer les classes dirigeantes. Bien que boudé par les radios, l’album connaîtra un immense succès critique et sera même certifié disque d’or en 1994. Mais tout cela, ce n’est rien comparé au succès de « Fight The Power », titre phare du groupe sorti en 1990 sur leur troisième album, Fear of a Black Planet et qui propulsera Public Enemy sur les plus hauts sommets du game.

Phase 2

Fort de ces succès, Def Jam a le regard confiant tourné vers l’avenir. Alors que le rappeur britannique Slick Rick rejoint la famille en sortant son premier album, le classique The Great Adventure of Slick Rick en 1988, une page se tourne puisque cette année-là, Rick Rubin quitte Def Jam après une dispute avec le nouveau président de la compagnie, Lyor Cohen. De son côté, Simmons reste en place, mais commence à voir venir les problèmes. Alors que Sony possède une grande partie des parts du label, celui-ci souffre d’un cruel manque d’organisation. C’est ainsi que Carmen Ashurst sera missionnée en tant que nouvelle présidente pour restructurer le tout.

Un pari réussi puisque pour la première fois de son Histoire, Def Jam sera divisé en de multiples branches. Dans cette logique, la maison décide d’élargir ses champs d’action en lançant d’une part, l’émission de télé culte Def Comedy Jam et la marque de streetwear Fat Farm en 1992. Si l’émission se donnera pour objectif de promouvoir des comédiens afro-américains, la marque, quant à elle, aura pour ambition de créer des vêtements sportifs et urbains, mixés au style étudiant de l’époque. Pour cette dernière, le lancement et les premières années seront difficiles, mais la marque finira par exploser dans les années 2000 en même temps que la mode du streetwear dans le monde.

Mais en 1992, Def Jam peine encore à résoudre ses problèmes financiers et est au bord de la faillite. Heureusement pour Simmons, Redman va redresser la barre grâce au succès de son titre « Time 4 Sum Aksion ». Grâce à cette bombe, Polygram Records, une branche du groupe Universal va racheter la moitié des actions de Sony dans Def Jam pour 33 millions de dollars en 1994. Dès lors, le bateau Def Jam est sauvé et remis à flot.

L’écurie va même plutôt bien rebondir puisque la même année, Warren G, le demi-frère de Snoop Dogg nouvellement signé chez Def Jam va sortir son immortel classique Regulate: G-Funk Era qui va rencontrer le succès qu’on lui connaît. 200 000 copies la première semaine et plus de 3 millions aujourd’hui tout de même ! Les affaires reprennent et la roue va même complètement tourner grâce aux succès suivants du label, les albums Dare Iz a Darkside de Redman et Tical de Method Man sorti en 1994. Après eux, Def Jam dira définitivement adieu à ses problèmes financiers et poursuivra son irrésistible ascension jusqu’à devenir le géant du rap game qu’il est aujourd’hui.

Toujours plus haut

D’un point de vue individuel, Russel Simmons et Lior Cohen vont eux aussi connaître une ruée vers l’or en vendant pour de bon le reste de leurs parts de Def Jam à Universal pour la somme exorbitante de 135 millions de dollars. Dès lors, ce deal marque la fusion entre Def Jam et Island Records qui deviendront The Island Def Jam Music Group, sous la houlette de son CEO, Lior Cohen. A peu près à la même période et sentant le filon de l’émergence de la trap, Def Jam va accueillir dans ses rangs des artistes phares du genre dans les années 2000, à l’image de Scraface, Ludacris et Young Jeezy.

Mais une nouvelle étape est franchie en 2004 lorsque Lior Cohen quitte le poste de CEO de Def Jam. Il sera remplacé par Jay-Z qui, après avoir signé un contrat de distribution entre Def Jam et son label Roc-A-Fella, finira par racheter l’écurie dans la foulée. Dès lors, le monde découvre ainsi Kanye West (devenu Ye), un producteur devenu rappeur et arrivé par l’intermédiaire de Roc-A-Fella. On lui doit aussi entre autres le succès de Rihanna qui à partir du milieu des années 2000 gravira tranquillement les échelons de l’industrie jusqu’à devenir la superstar qu’on connaît aujourd’hui.

Quatre ans après sa prise de fonction en tant que président, Jay-Z quitte le navire en 2008 pour se consacrer à d’autres business. Pour autant, le label Def Jam est depuis resté parmi les plus puissants de l’industrie musicale, avec dans ses rangs des artistes comme 2 Chainz, Desiigner, Big Sean, Frank Ocean, Lil Pump, Logic, Tyga, Nas, Pusha T, YG? Chris Brown, Vince Staples, Common ou encore The Roots… Tous ces artistes sont, à un moment donné de leur carrière, passés par Def Jam.

A noter aussi que la division française de Def Jam comprend elle aussi son lot d’artistes prestigieux puisque IAM, Akhenaton, Ateyaba, Dinos, Disiz, Dosseh, Koba LaD, Kalash Criminel, Kaaris, Lacrim, Rémy, SCH ou encore Vegedream ont eux aussi un joue été signé chez Def Jam. En 2024, l’année de ses 40 ans d’activité donc, le label continue encore et toujours de se développer avec le lancement tout neuf en France de Def Jam Africa, une nouvelle branche de cet immense arbre musical destinée au développement des artistes africains francophone à l’échelle mondiale. Encore un bel avenir en perspective pour Def Jam donc, même si quarante ans de légende, c’est déjà énorme.

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