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50 ans du Hip Hop 🎂

Culture de Migos, comment cet album a changé la face du rap

Culture de Migos pour les 50 ans du hip-hop

Pour célébrer les 50 ans du hip-hop, on revient sur les albums de rap légendaires qui ont forgé son histoire. Aujourd’hui : Culture de Migos.

Le 1er novembre 2022, une date tragique pour le hip-hop. Ce jour-là, Takeoff est mort. Fauché lors d’une fusillade, il a emporté avec lui le peu qu’il restait des Migos. Une fin brutale et difficile à croire tant le groupe d’Atlanta semblait immortel. Non seulement, ils ont remis le sud sur la carte, mais surtout, le trio a tout bonnement redéfini les codes du rap mondial.

A la sortie de cet opus, Quavo, Offset et Takeoff étaient loin d’en être à leur coup d’essai. On peut même dire qu’ils avaient déjà une carrière à ce moment-là. À ceci près que leur succès était encore confidentiel. Au départ, le groupe s’appelle encore Polo Club et prend le nom de Migos en 2008 après l’arrivée d’Offset dans les rangs. Entre cette période et l’arrivée de Culture dans les bacs en 2016, les gars ne lâchent pas moins de dix projets, particulièrement des mixtapes.

Quand bien même ils rencontrent un certain succès à l’échelle locale, la mayonnaise ne prend pas vraiment à l’international, si ce n’est avec quelques titres dont leur premier single numéro un des charts « Versace » (qui sera d’ailleurs remixé par Drake). La raison étant que la plupart de leurs autres morceaux peinent à se démarquer, voir se ressemblent tous, ce qui fatalement, a entraîné un sentiment de lassitude, quand ce n’est pas carrément des moqueries, chez une certaine frange du public.

Mais fini de rigoler. Nous sommes en 2017 et les Migos ont orchestré un véritable braquage. Alors que personne ne s’y attendait, mais les gars s’apprête à révolutionner la trap. « Bad And Boujee » est numéro un des charts et tout le monde bouge la tête sur le couplet de Lil Uzi Vert. Dans la continuité de ce banger, ils vont dévoiler l’album Culture. Avec ce projet, ils se revendiquent carrément comme les nouveaux moteurs de la culture hip-hop. Ils vont même jusqu’à s’autoproclamer « groupe le plus influent du monde depuis Outkast » pendant que d’autres parlent d’eux comme « Les Beatles de leur génération ». Le plus fou, c’est que même si certains les prenaient encore pour des guignols quelques mois plus tôt, à la sortie de cet album, plus personne ne peut vraiment leur donner tort.

Culture de Migos, un Game Changer

La première chose qui frappe avec les Migos, c’est que contrairement au schéma habituel du rap contemporain, ils ont percé en groupe. Qu’il s’agisse de D-12G-Unit, Black Hippie, A$ap Mob, tous ces crews ont connu la lumière après les succès solo d’Eminem, 50 CentKendrick Lamar et A$ap Rocky. Leur alchimie s’explique sans aucun doute en partie par le fait que les Migos, c’est avant tout une affaire de famille. En effet, Quavo est l’oncle de Takeoff et Offset est le cousin de Quavo. Pas étonnant alors qu’ils s’entendent et se complètent si bien !

Mais au-delà de leurs liens familiaux, ce sont bien leurs forces cumulées qui ont fait leur succès. Quavo est le boss des couplets / refrains rappés-chantés et brille par sa force mélodique, Offset excelle dans la représentation de l’attitude de gangster, dû à son ancrage authentique dans la vie de rue et ses passages répétés en prison. Enfin, Takeoff, avec sa voix rauque est celui à qui l’on doit l’avènement du triplet flow, cette façon de poser qui deviendra la marque de fabrique des Migos. On parle là d’un flow métronomique, lorsque trois syllabes sont rappées sur un seul temps. Vous ne voyez pas ? Prenez le refrain de « Versace« , lorsque Quavo répète sans cesse et de manière saccadée le titre du morceau : c’est ça le triplet flow !  Avec une telle formule, forcément qu‘ils allaient faire bouger les têtes et accrocher les oreilles du monde entier.

Et que se passe-t-il lorsqu’on découvre un flow révolutionnaire ? Bien sûr, c’est tout le reste du rap game qui s’accroche au train et reprend la tendance. Drake, Kanye West, J. ColeKendrick Lamar ou encore Killer Mike parmi tant d’autres se plairont à reprendre la formule à leur sauce. Même Eminem se prêtera à l’exercice sur le morceau « Not Alike » de son album Kamikaze. La seule différence étant que ce dernier l’utilise à des fins dénonciatrices et moqueuse. Certes, mais quand même ! En France aussi, même combat : SiboyGradurNiska et même Booba s’illustreront au triplet flow. Fort de cette portée internationale, la néo-trap survoltée et les flows marmonés des Migos ne se limitent désormais plus au sud des Etats-Unis. Leur formule imparable a définitivement déferlé sur le monde entier.

Dans la même dynamique, ce sont également eux qui ont popularisé les adlibs, ces interjections, mots et onomatopées récités entre les rimes qui donnent du relief aux phases des rappeurs, tout en donnant une deuxième couche à la structure du morceau. En 2017 et même à toute époque confondue, qui mieux que Migos pour maîtriser cet exercice ? Percer en groupe, une alchimie hors norme, le triplet flow, les ad-libs, les mélodies entêtantes, l’énergie explosive du groupe et son attitude bling-bling ancrée dans la culture festive du sud… Ce sont tous ces éléments cumulés qui façonnent le squelette de Culture, faisant de cet album, le plus complet et abouti de la carrière des Migos, mais aussi un marqueur du rap de son temps. Et donc par extension, un succès commercial.

Un carton commercial

Avec des singles aussi marquant que « Bad and Boogie », « Tee-shirt », « Slippery » avec Gucci Mane ou encore « Kelly Price » avec Travis Scott, l’album avait tout pour exploser dans les charts. Ajoutez au talent des Migos celui des plus grands producteurs du sud de l’époque comme Metro Boomin, Cardo, Purps du crew 808 Mafia, Murda Beatz, Buddah Bless et surtout Zaytoven et vous comprendrez pourquoi l’album ne pouvait pas faire autrement que cartonner.

Résultat, alors que quasiment plus personne ne les attendait, les Migos, avec Culture, ont tout emporté sur leur passage. L’album s’est classé numéro un du Billboard 200 avec 131 000 unités écoulées en première semaine (44 000 en physique). Dans le même temps, il s’est également hissé au sommet du classement des meilleurs albums R&B/Hip-Hop des US, devenant ainsi le premier album de la carrière des Migos à trôner tout en haut des deux classements. Dans la foulée, le 14 juillet 2017 (Cocorico !), Culture est certifié disque de platine par la Recording Industry Association of America (RIAA) pour avoir dépassé le million d’exemplaires vendus, combinant streaming et ventes physiques.

Évidemment, il s’est fait une place de choix parmi les meilleurs projets de l’année 2017, mais n’a cependant pas remporté de prix distinctif. Il sera bien en lice pour la Grammy du meilleur album rap, mais ne remportera pas le trophée, celui-ci ayant été attribué à Damn. de Kendrick Lamar. Le rappeur de Compton a d’ailleurs été leur bête noire durant cette soixantième cérémonie puisque c’est également son single « HUMBLE » qui a volé la vedette à « Bad and Boogie ». Mais est-ce bien important quand on sait à quel point cet album a laissé une empreinte indélébile dans l’Histoire du rap et la culture hip-hop ? 

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